Quand commence l’année 1982, Michel Hidalgo a sorti de son chapeau un jeune attaquant monégasque au pied gauche dévastateur, qui a déjà marqué pour sa première sélection à Dublin en octobre. C’est Bruno Bellone, international à 19 ans et 7 mois. Mais en février, face à l’Italie, c’est un défenseur de l’AS Monaco qui est titulaire, 23 jours après ses vingt ans. Ce Manuel Amoros impressionne par sa sérénité (ce ne sera pas toujours le cas) et gagne probablement, sur un match, sa place dans les 22 pour la Coupe du monde espagnole. Bellone aussi.
Amoros brille en 82 et 86, Bellone en 84
Les deux monégasques, titrés champions de France en mai, sont les plus jeunes, mais vont connaître des trajectoires différentes. Le premier ne joue pas contre l’Angleterre ni l’Autriche, mais sera décisif face à la Tchécoslovaquie, et transformera son tir au but contre la RFA. Avec cinq titularisations, il est l’incontestable réussite des Bleus en 1982, avec l’invention du carré magique au milieu.
Pour Bellone, le tournoi se résumera à un seul match, le moins important de tous, face à la Pologne pour la troisième place. Le jeune ailier gauche est devancé par Didier Six ou Gérard Soler. Contre la RFA à Séville, il est sur le banc de touche, avec Soler (Lacombe étant forfait), mais les deux entrants sont Battiston et Lopez, des défenseurs qui prennent place au milieu.
Ferreri et Vercruysse, un héritage trop lourd à porter
Le troisième représentant de la génération 1962 est Jean-Marc Ferreri. Lui aussi débute avant 20 ans, comme Bellone, fin août à l’occasion du naufrage contre la Pologne (0-4). il sera titulaire en février 1983 au Portugal, où il inscrira le premier de ses trois buts en Bleu. En 34 sélections, jusqu’en 1990, c’est quand même bien peu. Il sera présent à l’Euro 1984 puis à la Coupe du monde 1986, jamais en position de titulaire. Avec un milieu de terrain verrouillé par Platini et Giresse, la tâche était trop ardue…
Comme lui, Amoros et Bellone joueront aussi ces deux phases finales, mais à l’Euro c’est Bellone qui s’illustrera dans un rôle de supersub, comme en finale où il inscrit en contre le dernier but du tournoi, lancé par Tigana. Amoros passera à travers à cause d’un coup de tête d’entrée qui lui vaudra un rouge, ce qui profitera à Jean-François Domergue. En 1986, il prendra sa revanche alors que Bellone, toujours remplaçant, aura la balle du 2-1 en prolongations face au Brésil (avant de transformer son tir au but), puis sera titularisé en demi-finale, sans succès.
La grande déception de cette génération, c’est Philippe Vercuysse. Un meneur de jeu au pied gauche délicieux, un peu trop nonchalant aussi. Sa carrière ressemble à celle de Yoann Gourcuff vingt ans plus tard. Brillant en amical contre l’Argentine en mars 1986, où il inscrit son unique but en 12 sélections, il remplace Giresse deux fois au Mexique contre l’URSS et face à la RFA, où il manquera d’audace sur une balle d’égalisation. Il ne sera titulaire que cinq fois jusqu’en février 1989.
Bruno Martini, la liaison entre Bats et Lama
Quant à Bruno Martini, successeur de Joël Bats à Auxerre comme en sélection, il jouera l’essentiel du mandat de Michel Platini, faisant la jonction avec Bernard Lama. Et le fera plutôt bien, avec cinq défaites seulement en 31 capes, et 29 buts encaissés. Poullain (10 sélections), Sonor (9) et Tibeuf (2) sont tombés au mauvais moment, dans le trou de la fin des années 1980. Jean-Luc Sassus, seul éphémère de la génération 1962, fera une apparition en octobre 1992 contre l’Autriche, alors qu’il venait d’avoir 30 ans.
A quatre en 1986
Il n’y a que cinq matchs où l’on trouve quatre représentants de la génération 1962 simultanément sur le terrain. Les trois premiers en 1986 : contre l’Argentine en mars (2-0, buts de Vercruysse et Ferreri, Amoros et Bellone étant également titulaires) face à la Belgique fin juin (tous titulaires, buts de Ferreri et d’Amoros) et contre l’URSS en octobre (Amoros et Ferreri titulaires, Bellone et Vercruysse remplaçants). Le quatrième en octobre 1987 contre la Norvège (Martini, Sonor et Amoros titulaires, Ferreri remplaçant) et le dernier en avril 1988 face à l’Irlande du Nord (Martini, Amoros, Sonor et Vercruysse titulaires, Ferreri remplaçant ce dernier en fin de match).
Les stats de la génération 1962
– Cumul de sélections : 218 (24,2 de moyenne par joueur)
– Record de sélections pour la génération : Manuel Amoros (82), détenteur du record général de février 1992 à mars 1999.
– Ephémère : 1 (Jean-Luc Sassus)
– Record de buts pour la génération : Jean-Marc Ferreri (3)
– Début de la génération : 14 octobre 1981, Bruno Bellone contre l’Irlande.
– Fin de la génération : 29 mai 1996, Bruno Martini contre la Finlande.
– Durée de la génération : 14 ans, 7 mois et 15 jours
– Sélectionneurs de la génération : Michel Hidalgo (1981-84, Henri Michel (1984-88), Michel Platini (1988-92), Gérard Houllier (1992-93) et Aimé Jacquet (1994-96).
– Titres de la génération : championne d’Europe 1984 (Amoros, Bellone, Ferreri), vainqueur de la Coupe intercontinentale 1985 (Bellone, Vercruysse).
Vos commentaires
# Le 21 janvier à 15:03, par SIMON Thierry En réponse à : Génération 1962 : Amoros, Bellone, et c’est tout
Bonjour
Désolé d’être ultra précis, mais Manuel AMOROS a débuté l’équipe de France 22 jours après ses 20 ans et non 23 jours (naissance le 01/02/1962, match contre l’Italie le 23/02/1982).
Bonne continuation et encore un grand merci pour vos articles qui sont ultra passionnants.
# Le 4 février à 15:20, par Bernard Diogène En réponse à : Génération 1962 : Amoros, Bellone, et c’est tout
Dans les titres de la génération, on trouve également Ferreri à l’Euro 1984.
# Le 5 février à 20:41, par Bruno Colombari En réponse à : Génération 1962 : Amoros, Bellone, et c’est tout
Exact, je corrige. Merci !