Gérard Hausser, le Strasbourgeois de la World Cup 66

Publié le 17 novembre 2025 - Richard Coudrais

Gérard Hausser, membre et buteur de l’équipe de France qui disputa la Coupe du monde 1966, est décédé ce 15 novembre 2025 à l’âge de 84 ans.

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Quand il est appelé pour la première fois en équipe de France A, Gérard Hausser est âgé de vingt-six ans. Jusqu’alors, il n’est apparu qu’en deux occasions en équipe de France B. Il est vrai qu’il joue dans un club, le RC Strasbourg, qui se met peu en évidence. Le solide ailier alsacien dispute sa quatrième saison en première division. Il est né le 28 octobre 1941 à Strasbourg, en pleine période où l’Alsace subit une annexion brutale du Reich, qui interdit notamment toute forme d’expression française.

Un bleu d’Alsace

Après la Libération, Gérard Hausser intègre le club alsacien à l’âge de huit ans, en 1949, et y fait toutes ses classes. Il y devient professionnel comme ailier gauche et contribue notamment à la remontée immédiate de l’équipe parmi l’élite en 1961. Au cours de l’été 1964, l’arrivée de l’entraîneur Paul Frantz permet au Racing de jouer les premiers rôles en championnat, et donc à ses joueurs d’attirer l’attention d’Henri Guérin, le sélectionneur de l’équipe de France.

Celui-ci, alors que son équipe dispute les éliminatoires de la Coupe du monde 1966, profite d’un match amical au Parc des Princes, le 24 mars 1965, pour faire débuter pas moins de six joueurs : le défenseur du Stade Français Robert Péri, le Nantais Jacky Simon, les Rennais Marcel Loncle et Daniel Rodighiero, et deux Strasbourgeois : Denis Devaux et Gérard Hausser. Tous se partagent le titre de 516e joueur de l’histoire de l’équipe de France. Si les Tricolores s’inclinent (2-1) devant l’Autriche, Hausser tire son épingle du jeu en marquant le but français à la demi-heure de jeu.

C’est peu dire que son entrée au sein de la sélection a été convaincante, puisque l’attaquant strasbourgeois disputera treize rencontres consécutives avec la sélection. Un mois après sa grande première, le Strasbourgeois est du voyage à Belgrade où l’équipe de France concède sa première défaite des éliminatoires (1-0) face à la Yougoslavie. La saison se termine, pour les Tricolores, par un match amical contre l’Argentine où Gérard Hausser réalise un centre que Jacky Simon convertit en but, mais que l’arbitre refuse d’accorder. Le match se termine sur un score vierge (0-0).

Le Racing terrorise les grands d’Europe

Gérard Hausser gagne en expérience internationale avec l’équipe de France, mais aussi le Racing de Strasbourg qui réalise quelques prouesses à l’échelle européenne. L’équipe de Paul Frantz atteint notamment les quarts de finale de la Coupe des villes de Foire après avoir éliminé l’AC Milan et le FC Barcelone.

En août 1965, l’équipe de France effectue sa rentrée au stade de la Meinau et y reçoit l’Eintracht de Francfort. Devant son public, Gérard Hausser ne manque pas d’inscrire son but au cours d’un match ponctué par un score nul (2-2).

Les choses sérieuses reprennent à Oslo où les Français arrachent une victoire (1-0) d’autant plus méritoire que les Norvégiens reviennent d’un net succès (3-0) contre les Yougoslaves. Un mois plus tard au Parc des Princes, Gérard Hausser participe à la victoire décisive face à la Yougoslavie (1-0). Un succès qui, additionné à une nette victoire (4-1) contre le Luxembourg dans le mois suivant, qualifie l’équipe de France pour l’Angleterre.

Gérard Hausser sera bien entendu du voyage. Il participe à l’ensemble des rencontres de préparation (Italie, Belgique, URSS…) et son nom figure logiquement sur la liste des vingt-deux donnée par le sélectionneur. Il est avec Jean Schuth (aucune sélection) le seul Strasbourgeois du groupe, alors que le Racing vient de remporter la Coupe de France.

A Londres, l’équipe de France débute son tournoi face au Mexique. Les Latino-américains ouvrent le score mais les Français égalisent à l’heure de jeu par leur ailier strasbourgeois qui marque d’une frappe des dix-huit mètres sur une passe de Gondet. Les Français s’en tirent bien, mais la suite du tournoi sera à leur désavantage. Hausser, qui dispute les trois rencontres (Mexique, Uruguay et Angleterre) reste l’une des rares satisfactions françaises.


 

Fin de la parenthèse bleue

Au lendemain de cette Coupe du monde ratée, le sélectionneur Henri Guérin laisse sa place à un duo composé de José Arribas et Jean Snella. Même si les deux hommes alignent, contre la Hongrie en septembre, une équipe à ossature nantaise, Hausser reste fidèle au poste, même si Strasbourg pratique un jeu radicalement différent par rapport à Nantes. Mais un mois plus tard, au Parc des Princes contre la Pologne, le Strasbourgeois est absent pour la première fois depuis un an et demi. Il est rappelé lors du match suivant au Heysel face à la Belgique, mais quand Just Fontaine prend les commandes de la sélection, il ne fait plus appel au Strasbourgeois.

En fin de saison 1966/1967, Gérard Hausser quitte Strasbourg pour tenter l’aventure à Karlsruhe, entraîné depuis un an par Paul Frantz. La ville de Bade-Wurtemberg n’est qu’à une heure de route de la frontière française, mais jouer à l’étranger constitue à l’époque un handicap pour qui prétend à la sélection. Surtout, l’expérience tourne à la déroute. Paul Frantz est limogé au bout de dix rencontres et le club termine à la dernière place du classement. Gérard Hausser, contrarié par des blessures, n’a inscrit quant à lui qu’un seul but.

L’attaquant français revient en France au cours de l’été 1968 et signe au FC Metz. Le nouveau sélectionneur Louis Dugauguez en profite pour le convoquer pour une rencontre à Marseille contre… la RFA. Mais l’ancien Strasbourgeois reste sur le banc de touche, le poste d’ailier gauche étant désormais occupé par Georges Bereta. Il ne sera plus appelé chez les Tricolores. Il retourne à Strasbourg en 1971 où il retrouve Paul Frantz, et connaît à nouveau les joies d’une remontée en première division.

Gérard Hausser est décédé le 16 novembre 2025 à l’âge de 84 ans.

Quatorze sélections, deux buts, dont un en Coupe du monde

Gérard Hausser a disputé quinze rencontres avec l’équipe de France A, dont quatorze sélections officielles. Son bilan est de 3 victoires, 4 matchs nuls et 7 défaites. Il a disputé trois rencontres de Coupe du monde. Il a inscrit deux buts (trois en comptant celui contre Francfort en août 1965). Il a connu deux sélectionneurs, Henri Guérin et le duo Arribas-Snella.

Sel.MatchDatelieuAdversaireScoreTpsJeuNotes
B 02/10/1963 Lens Pays-Bas B 1-1 90
B 01/12/1964 Limoges Belgique B 1-3 90
1 Amical 24/03/1965 Paris (Parc) Autriche 1-2 90 1 but
2 qCM 1966 18/04/1965 Belgrade Yougoslavie 0-1 90
3 Amical 03/06/1965 Paris (Parc) Argentine 0-0 90
25/08/1965 Strasbourg Eintracht Francfort 2-2 90 1 but
4 qCM 1966 15/09/1965 Oslo Norvège 1-0 90
5 qCM 1966 09/10/1965 Paris (Parc) Yougoslavie 1-0 90
6 qCM 1966 06/11/1965 Marseille Luxembourg 4-1 90
7 Amical 19/03/1966 Paris (Parc) Italie 0-0 90
8 Amical 20/04/1966 Paris (Parc) Belgique 0-3 90
9 Amical 05/06/1966 Moscou URSS 3-3 90
10 CM 1966 13/07/1966 Londres Mexique 1-1 90 1 but
11 CM 1966 15/07/1966 Londres Uruguay 1-2 90
12 CM 1966 20/07/1966 Londres Angleterre 0-2 90
13 Amical 28/09/1966 Budapest Hongrie 2-4 90
14 qEuro 1968 11/11/1966 Bruges Belgique 1-2 90

pour finir...

La rédaction de cet article a nécessité la consultation des sites selectiona.free.fr, FFF, Wikipédia, Racing Stub, la relecture d’anciens exemplaires de France-Football, L’Équipe ainsi que des ouvrages « La fabuleuse histoire du football » de Jacques Thibert et Jean-Phlippe Rethacker (Nathan, 1990), « L’intégrale de l’équipe de France de football » de Pierre Cazal, Jean-Michel Cazal et Michel Oreggia (First édition, 1998), « Les 1000 joueurs de l’équipe de France » de Jérôme Bergot (Talent Sport, 2021), « Sélectionneur des Bleus » de Pierre Cazal (Mareuil, 2021), « Le Dico des Bleus » de Matthieu Delahais, Bruno Colombari et Alain Dautel (Marabout, 2017-2018-2022)...

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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