Espagne-France (1-1) : l’audace a payé

Publié le 16 octobre 2012 - Bruno Colombari

Au terme d’une dernière demi-heure conquérante, les Bleus arrachent le nul à Madrid (1-1) contre une Espagne dominatrice et trop sûre d’elle. La passivité et la résignation de l’Euro sont bien loin.

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Le résultat était-il prévisible ?

Après la douche froide contre le Japon, beaucoup craignaient une raclée à Madrid, les plus optimistes espérant dans le meilleur des cas une courte défaite, et les utopistes un match nul. Evidemment, après 25 minutes passées à courir après un ballon insaisissable, le but de Sergio Ramos semblait sonner le glas des maigres espoirs français, lesquels n’avaient pas montré grand chose de plus qu’il y a quatre mois à Donetsk. Pourtant, le double fait de jeu autour de la quarantième minute (but refusé à Ménez pour un hors jeu très loin d’être évident et pénalty sorti par Lloris) ressemblait fort à un tournant du match. Ou à tout le moins à un enchaînement de circonstances remettant en selle des Français en passe d’être éjectés.

Et la deuxième mi-temps l’a confirmé : des Bleus beaucoup plus volontaires et déterminés, et des Espagnols bousculés qui ne se créent plus d’occasion. Et même s’il a fallu attendre le bout du bout du match pour voir l’égalisation de Giroud, le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas volé. Qui sait si dans deux ans on ne datera pas la fin de l’hégémonie espagnole de ce 16 octobre, où après 24 victoires consécutives en phase qualificative, la Roja s’est pris les pieds dans le tapis ?

L’équipe est-elle en progrès ?

C’est évidemment le meilleur match des Bleus depuis au moins celui gagné en Allemagne en février dernier, voire celui remporté en Bosnie il y a deux ans si on ne tient compte que des matches de compétition. Après une demi-heure passée à défendre trop bas et à perdre le ballon trop vite, les Français ont découvert qu’en prenant des risques devant, il y avait moyen de faire quelque chose, et ce dès la belle occasion de Benzema à la 33e, en un hommage au but de Soler contre l’Angleterre en 1982. A la 38e, ils auraient même pu ouvrir le score si le but apparemment valable de Ménez n’avait pas été refusé. Le gros coup de chaud de la fin de la première période n’était que la lueur des derniers feux de l’Espagne, mais on ne le savait pas encore à ce moment-là.

L’énorme différence avec l’équipe lente et passive de l’Euro, c’est bien sûr l’agressivité dans les duels, la solidarité à chaque ballon perdu, et en deuxième mi-temps une combativité exemplaire en attaque, autant de qualités propres à Deschamps quand il était joueur et qu’il semble être en mesure de transmettre à son équipe. Compte tenu du gros déchet technique devant les cages et de l’absence d’un vrai meneur de jeu au milieu (bien que Valbuena ait tenu ce rôle avec bonheur en fin de match), on se dit qu’il y a de la marge.

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?

Mis en difficulté contre le Japon, Hugo Lloris a tout simplement sauvé son équipe à au moins trois reprises, sur le pénalty de Fabregas, pourtant bien tiré, puis sur la double occasion de Pedro puis Fabregas encore à la 44e. De toute évidence, à 0-2 à la mi-temps, le match était plié. Derrière, c’est Sakho qui a sorti la meillleure performance de la ligne défensive. Le Parisien est en train de s’installer dans un rôle de titulaire qu’il sera difficile de lui enlever.

Au milieu, c’est Blaise Matuidi qui a fait la meilleure impression, par ses jaillissements et sa qualité de relance, sans parler de deux passes presques décisives pour Benzema. Franck Ribéry a tiré le maximum du peu de ballons qu’il a eu en première période, où il a beaucoup combiné avec Evra, et a mis Juanfran en grande difficulté après la pause. Sa très belle occasion à l’heure de jeu a sonné le début de la révolte des Bleus.

Parmi les entants, c’est Mathieu Valbuena qui a le plus apporté au jeu français, le coaching offensif de Deschamps s’avérant finalement payant. Dommage qu’il n’ait pas joué tout le match. Moussa Sissoko a pour sa part beaucoup percuté, même s’il a été maladroit devant le but, et son entrée a fait souffrir des Espagnols émoussés. Enfin, Olivier Giroud a réussi à placer une tête croisée dans la surface, et ça a suffit pour égaliser.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?

Très bon en juin dernier à l’Euro, Koscielny est passé à travers à Madrid, provoquant un pénalty qui aurait pu coûter très cher et semblant plusieurs fois dépassé en première mi-temps. Mathieu Debuchy aura aussi beaucoup souffert quand les Espagnols se sont installés dans son couloir, où il n’a guère été soutenu par Ménez, lequel ne s’est pas montré beaucoup plus inspiré devant, hormis sur son but de la tête.

Au milieu, la prestation de Maxime Gonalons a été décevante, alors que Yohan Cabaye a semblé un peu juste physiquement et n’a pas apporté la touche technique qui aurait permis aux Bleus de mettre le pied sur le ballon au plus fort de la domination espagnole. Enfin, Karim Benzema, qui reste sur neuf matches sans but, a été encore malheureux dans ses tentatives, même s’il a beaucoup combiné avec Ribéry. La rentrée victorieuse de Giroud ne semble pas en mesure de remettre en cause son statut, mais il serait urgent qu’il retrouve le sens du but.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

S’il compte pour du beurre, le Italie-France du 14 novembre prochain permettra aux Bleus de s’étalonner contre l’une des meilleures équipes d’Europe, finaliste au dernier Euro avec un style de jeu très différent de celui des Espagnols. Plus que le résultat qui n’aura guère d’importance, c’est la manière qui sera regardée avec attention, en particulier la construction au milieu et l’efficacité devant. La capacité de la défense centrale (où Yanga-Mbiwa devrait retrouver sa place) à résister à un attaquant du calibre de Mario Balotelli sera également un test intéressant.

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