Ces remplaçants champions du monde ou d’Europe

Publié le 21 juillet 2019 - Bruno Colombari

Même s’ils ne jouent pas beaucoup, voire pas du tout, leur rôle est important dans un groupe vainqueur d’une phase finale. De Tusseau à Thauvin, voici les 38 joueurs dans l’ombre des champions d’Europe 1984 et 2000 et des champions du monde 1998 et 2018.

4 minutes de lecture

Pour chacun des quatre tournois majeurs gagnés par l’équipe de France (Coupes du monde 1998 et 2018, Championnats d’Europe 1984 et 2000), il est possible de dégager une équipe-type, en général celle qui a terminé la compétition, ou à défaut celle composée par les titulaires les plus fréquents.

Les quatre équipes-type

La plupart du temps, il est facile de définir cette équipe-type : en 2018 par exemple, elle se détache très nettement dès le deuxième match contre le Pérou, et hormis la suspension de Matuidi en quart de finale, ne bougera plus jusqu’à la fin.

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C’est assez net aussi en 1998, où le seul flottement réside dans le poste d’avant-centre. Mais Guivarc’h est titulaire quatre fois contre l’Afrique du Sud, l’Italie, la Croatie et le Brésil alors que Dugarry ne débute que contre l’Arabie Saoudite et n’entre que deux fois contre l’Afrique du Sud et le Brésil. Henry est titulaire lors des deux premiers matchs, Trezeguet ne débutant que lors du troisième et du quatrième.

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C’est un peu moins clair en 1984. L’expulsion d’Amoros contre le Danemark offre une place de titulaire à Domergue, et Hidalgo change de ligne d’attaque à chaque match (à deux) où il utilise Six, Lacombe, Bellone et Rocheteau. Mais Lacombe (quatre titularisations) et Six (trois) se détachent de peu, Bellone commençant le premier et le dernier match et entrant en prolongations contre le Portugal. La défense centrale a aussi beaucoup bougé avec la blessure de Le Roux contre le Portugal : le Breton a débuté trois fois, remplacé par Domergue puis par Battiston.

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Enfin, en 2000 il y a eu ballotage aussi au milieu entre Petit (trois fois titulaire) et Vieira (cinq fois) ainsi que dans l’animation offensive en complément de Zidane et de Henry, avec trois joueurs pour deux postes : Dugarry, Djorkaeff et Anelka. Mais ce dernier n’a été titulaire que trois fois (les deux premiers matchs et la demi-finale), comme Dugarry et Djorkaeff. Mais ces deux derniers ont joué le quart et surtout la finale.

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38 remplaçants aux fortunes diverses

Les titulaires ayant été définis, je peux m’occuper des remplaçants. Ils sont 38 sur ces quatre éditions, sur un maximum possible de 43. Pourquoi 43 ? Parce que le nombre total de joueurs par liste a évolué : 20 à l’Euro 1984 (soit 9 remplaçants), 22 en 1998 et 2000 (11 remplaçants) et 23 en 2018 (12 remplaçants). Pourquoi 38 ? Parce qu’en 1998 et 2000, plusieurs joueurs ont été remplaçants deux fois, comme le gardien Bernard Lama, les défenseurs Vincent Candela et Frank Lebœuf, le milieu Robert Pirès ou l’attaquant David Trezeguet.

Le rôle de ces remplaçants n’est pas facile à définir. C’est un choix délicat que doit faire le sélectionneur, qui n’a pas toujours son équipe-type en tête avant le début du tournoi. Et même quand il l’a, il doit pouvoir faire face à des impondérables : blessure, suspension, méforme. L’exclusion d’Amoros en 1984 a permis l’émergence de Domergue, celle de Blanc en 1998 a offert une finale à Lebœuf, le passage à vide de Kanté en 2018 a donné une chance à Nzonzi alors qu’en 2000, les crises de paludisme de Petit ont permis l’installation de Vieira.

On pourrait définir trois types de remplaçants en phase finale.
 Ceux qui sont effectivement des joueurs de complément, parfois (mais pas toujours) qui approchent de la fin de leur carrière et qui ne revendiquent pas de place de titulaire (exemple : Rami 2018). Sur les schémas ci-dessous, leur nombre de sélections est plus élevé avant le tournoi (gris clair) qu’après (gris foncé).
 Ceux qui au contraire débutent leur carrière et n’ont pas encore obtenu le statut de titulaire (exemple : Vieira 1998). Eux verront leur nombre de sélections, faible avant le tournoi, se situer très majoritairement après.
 Ceux enfin qui sont normalement titulaires et qui, conjoncturellement, se retrouvent sur le banc (exemple : Rocheteau 1984). Ceux-là comptent à peu près autant de sélections avant le tournoi qu’après.

1984 : Bellone pousse la porte, pas Ferreri ni Bravo

Michel Hidalgo fait très peu appel aux remplaçants lors de l’Euro 1984 (qui se jouait sur cinq matchs seulement, avec une liste de 20 joueurs), et pour l’essentiel (Tusseau, Rocheteau, Bravo, Ferreri) ce sera pour le troisième match du premier tour face à la Yougoslavie, la qualification étant acquise. Si on met de côté les deux gardiens (Rust et Bergeroo), qui ne totalisent que quatre capes en sélection à eux deux, les seuls vrais remplaçants du lot parmi les joueurs de champ sont Thierry Tusseau, Jean-Marc Ferreri et Daniel Bravo. Les deux premiers seront encore là à la Coupe du monde 1986, mais avec le même statut. Bernard Genghini aussi, mais lui était titulaire en 1982.

Bruno Bellone oscille entre les deux : comme Genghini, il enchaîne les phases finales 82-84-86, mais il a été une fois titulaire en 1982 (contre la Pologne), deux fois en 1984 et encore deux fois en 1986 (RFA et Belgique). Enfin, Manuel Amoros et Dominique Rocheteau étaient titulaires en 1982 et le seront à nouveau en 1986, réalisant deux superbes Coupes du monde.

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1998 : Henry et Trezeguet manquent la finale

Aimé Jacquet ne trouve son équipe-type que lors du quart de finale contre l’Italie. Auparavant, il a dû faire avec la suspension de Zidane et la blessure de Guivarc’h, il a fait tourner lors du troisième match contre le Danemark et a longtemps hésité au milieu entre Petit et Boghossian. Et s’il a fait appel largement à ses jeunes attaquants Henry et Trezeguet, c’est surtout lors du premier tour et du huitième de finale contre le Paraguay. Ensuite, ils ont retrouvé un statut de remplaçants, et ne sont pas rentrés en jeu contre le Brésil.

La différence avec 1984, c’est que hormis Diomède et Charbonnier (qu’on ne reverra plus), Lama en fin de parcours, Boghossian et Candela qui sera encore appelés mais plutôt comme suppléants, tous les autres ont acquis (ou retrouvé pour Dugarry) un statut de titulaire après la Coupe du monde. Et pour cause : en 1998, Pirès a 24 ans, Vieira tout juste 22, Henry et Trezeguet à peine 20. Le seul trentenaire qui s’installera durablement est Frank Lebœuf, bénéficiant de la fin de carrière de Laurent Blanc après l’Euro 2000.

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2000 : Wiltord-Trezeguet-Anelka, banc de luxe

Deux ans après le titre mondial, le schéma évolue. Deux des titulaires de 1998 ont perdu leur place (Christian Karembeu et Emmanuel Petit) à cause de l’émergence de Patrick Vieira et au rééquilibrage tactique de Roger Lemerre, substituant un attaquant à un milieu récupérateur. Ces deux-là, comme Frank Lebœuf, Bernard Lama et Vincent Candela, ont dépassé le milieu de leur carrière internationale. Robert Pirès, qui s’est illustré en finale après un tournoi très discret, est au milieu du gué, alors que le trio offensif Wiltord-Trezeguet-Anelka, qui a largement contribué au succès des Bleus, a tout l’avenir devant lui. Johann Micoud et Ulrich Ramé, eux, ne s’imposeront pas.

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2018 : Lemar et Sidibé ont-ils un avenir ?

La Coupe du monde en Russie est encore trop proche pour qu’on puisse tirer des conclusions sur le rôle des 12 remplaçants. Si celui de Steve Mandanda, d’Adil Rami et dans une moindre mesure Steven Nzonzi, tous trentenaires, semble clair, si les latéraux Benjamin Mendy et Djibril Sidibé ont sans doute laissé passer le coche, impossible de savoir si Presnel Kimpembe, Florian Thauvin et Nabil Fekir garderont leur statut de suppléants, sortiront du groupe ou finiront par s’imposer. On peut penser qu’Areola, Tolisso, Lemar et Dembélé ont une carte à jouer, même si les deux derniers ont clairement déçu en Russie. Lemar et Thauvin ont eu leur chance lors des matchs de juin 2019. Tous partent quand même d’assez loin par rapport aux titulaires actuels, et pourraient être rapidement concurrencés par les prometteuses générations des Espoirs et des U20.

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