Du neuf avec du Bleu ?

Publié le 9 décembre 2010 - Bruno Colombari

Article initialement publié le 9 août 2006 sur le site des Cahiers du football.

A peine les dernières rumeurs de la coupe du monde se sont-elles dissipées que l’équipe de France doit déjà préparer la nouvelle saison par un match amical à Sarajevo contre la Bosnie. L’acquis des vice-champions du monde et l’intégration de quelques Espoirs favoriseront-ils un jeu plus offensif ?

3 minutes de lecture

Une seule défaite (en amical) après deux ans de mandat : seul Aimé Jacquet avait fait mieux que Raymond Domenech après l’Euro 96 (28 matches également, 18 victoires et 10 nuls). Mais en terme de victoires, le sélectionneur actuel reste loin derrière Santini, qui en 28 matches toujours, en avait remporté 22 (4 nuls et 2 défaites).

Cette quasi invincibilité ne masque pas pour autant les difficultés réelles des Bleus pour s’imposer, liées à la faiblesse relative de l’attaque. 40 buts en 28 matches, c’est peu, surtout compte tenu du nombre d’adversaires peu prestigieux rencontrés (Féroé, Chypre, Costa Rica, Chine, Bosnie, Israël, Suisse, Togo, Hongrie). La comparaison avec les deux premières années d’Aimé Jacquet prend d’ailleurs tout son sens : au terme d’un Euro rassurant derrière, - qui avait consacré la future défense championne du monde (Barthez excepté) -, les Bleus avaient engendré beaucoup de regrets par la faute d’une animation offensive défaillante, après une demi-finale perdue aux tirs au but contre une sélection tchèque prenable (0-0).

Une marge de sécurité réduite

Sur les 28 matches joués en deux ans, l’équipe de France n’a pas réussi à trouver le chemin des filets à six reprises (pour autant de 0-0) et n’a marqué qu’un seul but lors de onze matches (quatre victoires 1-0, six nuls 1-1 et une défaite 1-2). Soit 17 matches avec moins de deux buts marqués, autrement dit 17 matches joués sous la menace d’un but adverse, sans marge de sécurité. Encore faut-il préciser que sur cette période, les Bleus ont bénéficié de six penalties (quatre réussis par Wiltord et Zidane, deux manqués par Henry et Zidane) et de deux buts marqués par les adversaires contre leur camp (le Féringien Olsen et le Chinois Wong).

Cette tendance « solide-stérile » était déjà perceptible au terme de la première année Domenech, celle sans les cadres (Makelele, Thuram et Zidane) : 7 nuls pour 3 victoires et 9 buts marqués. Deux fois, les Bleus avaient ouvert le score et s’étaient fait rejoindre faute d’avoir marqué un second but (Bosnie et Israël, 1-1). Et contre les deux équipes les plus faibles (Féroé et Chypre), ils ne l’avaient emporté que par une courte marge (2-0). Enfin, ils avaient enchaîné quatre 0-0 à domicile.

La deuxième année a semblé tout d’abord amorcer un renouveau offensif avec trois victoires larges contre la Côte d’Ivoire et les Féroé (3-0) et Chypre (4-0). Ça n’a pas duré longtemps. A Dublin contre l’Irlande, les Bleus allaient faire une répétition générale des matches à élimination directe en Allemagne en s’imposant par la plus courte des marges (1-0) en misant tout sur la solidarité et la solidité défensive. Mais ils retombaient dans leurs travers contre la Suisse (1-1 après avoir ouvert le score) et l’Allemagne (0-0 à domicile).

Des carences offensives à corriger

Les sept matches de la Coupe du monde ont confirmé, à différents niveaux, ces caractéristiques : solidité défensive (trois buts encaissés dont un sur penalty) et difficultés offensives (neuf buts en sept matches, dont deux sur penalty et deux sur coup franc indirect). La blessure de Cissé contre la Chine (malédiction du numéro 9) a incité Domenech à choisir de jouer avec un seul attaquant de pointe, Henry reprenant le rôle ingrat de Guivarc’h en 98 (en moins breton).

Quatre fois, lors de ce Mondial peu spectaculaire, les Bleus ont ouvert le score. Deux fois, ils ont tenu jusqu’au bout ce court avantage (Brésil et Portugal), deux fois ils se sont fait rejoindre faute d’avoir pu se mettre à l’abri (Corée du Sud et Italie). Ils n’ont été menés au score qu’une fois, et c’est à cette occasion qu’ils ont marqué le plus de buts (Espagne, 3-1).

Surtout, ils ont montré des lacunes surprenantes à ce niveau-là dans trois domaines : les corners, les coups francs directs et les tirs de l’extérieur de la surface. Aucun but n’a été marqué sur ces phases de jeu pourtant décisives face à des défenses regroupées.

Un retour de balancier comme à l’automne 98 ?

La nouvelle équipe que va bâtir Domenech dans la perspective d’un Euro 2008 où les Bleus feraient partie des favoris devrait donc relancer le balancier vers l’animation offensive, comme l’avait fait Aimé Jacquet une première fois après l’Euro 96, puis Roger Lemerre après le titre de 1998. L’équipe de l’Euro 2000, au jeu plus séduisant et plus risqué, avait gagné en présence devant le but ce qu’elle avait perdu en sécurité défensive (13 buts marqués pour 7 encaissés). Mais les départs simultanés de Blanc et de Deschamps, à l’automne, l’avait privée de deux leaders techniques et tactiques (comme disait Jacquet) qui ont fait cruellement défaut en 2002 et 2004.

Patrick Vieira et Thierry Henry prendront-ils enfin la relève ? Ils en ont eu l’occasion, à l’été 2004, et le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont convaincu personne dans ce rôle. Mais le contexte (Euro décevant, changement de sélectionneur) semblait moins favorable qu’aujourd’hui. De plus, l’importance grandissante de Sagnol et de Gallas est une bonne nouvelle. L’arrivée prochaine d’une belle génération d’espoirs (Toulalan, Faubert, Clerc, Faty, Gourcuff, Briand, Le Tallec ou Mavuba) en est une autre.

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