Gaetano Scirea, un destin tragique

Publié le 4 février 2021 - Bruno Colombari

Le champion du monde 1982 multititré avec la Juventus a terminé sa carrière internationale en juin 1986 contre la France. Sa trajectoire s’est brisée trois ans plus tard sur une route de Pologne dans une Fiat en flammes. Il avait 36 ans.

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Si l’élégance d’un défenseur central devait être incarnée dans un joueur, alors Gaetano Scirea serait un postulant très sérieux aux côtés de Franz Beckenbauer. En 16 ans de carrière et 700 matchs joués, il n’a été sanctionné que de deux cartons jaunes. Et surtout, il était aussi à l’aise derrière sa ligne de défense qu’en attaque, son poste d’origine d’ailleurs. Le journaliste italien Luigi Garlando a dit de lui : « Personne ne fut aussi fort que Scirea, y compris Beckenbauer ou Baresi, parce que ces joueurs là étaient des défenseurs qui attaquaient, Scirea lui était à la fois défenseur en défense, milieu au milieu, et véritable attaquant en attaque, il était unique ».

Un collectionneur de trophées

Né en 1953, d’origine sicilienne, Scirea fait ses débuts professionnels à l’Atalanta Bergame avant d’être repéré par la Juventus, qui l’enrôle à l’été 1974. C’est le début d’une histoire glorieuse terminée par une tragédie. Avec la Vieille Dame, Sciera va gagner tout ce qui est possible : sept titres de champion d’Italie entre 1975 et 1986, deux Coupes d’Italie en 1979 et 1983, et surtout un rarissime triplé européen avec la Coupe de l’UEFA en 1977, la Coupe des Coupes en 1984 et la Coupe des Champions (l’ancêtre de la Champions League) en 1985. Vous en voulez encore ? Ajoutez donc une Super Coupe d’Europe en 1984 et une Coupe intercontinentale en 1985.

Avec la sélection, il participe à trois Coupes du monde en 1978, 1982 et 1986 et remporte la deuxième, en Espagne. Si sa défense Juve aux quatre cinquièmes (Zoff, Gentile, Cabrini et lui-même, seul le stoppeur Collovati évoluant à l’AC Milan) encaisse six buts, elle est sauvée par une attaque réveillée à partir du second tour qui mate successivement l’Argentine, le Brésil, la Pologne et la RFA.

Son seul raté est donc l’Euro 80, qui se joue à la maison. Mais sans Paolo Rossi suspendu dans l’affaire du totonero, la Squadra est stérile et cale au premier tour contre l’Espagne et la Belgique (0-0).

Et toujours Platini en face

En 1986, à 33 ans, il dispute son dernier tournoi avec l’Italie. Il croise encore une fois l’équipe de France, contre laquelle il a joué quatre matchs : en février 1978 à Naples (2-2), en juin de la même année à Mar del Plata (2-1), en septembre 1980 avec la Juventus (0-1) et en février 1982 (0-2). A chaque fois, il retrouve en face de lui un certain Michel Platini, qui se fait un plaisir de marquer trois buts. Le dernier est fatal puisqu’il élimine l’Italie, championne du monde en titre (0-2, Stopyra inscrivant le deuxième but).

Scirea connait par coeur Platini puisqu’ils jouent cinq saisons ensemble à Turin entre 1982 et 1987. Et le Français a beaucoup appris au contact des Italiens, notamment à tenir un résultat (ce qui aurait été bien utile à Séville) ou à gagner sans bien jouer, comme face à la Yougoslavie en novembre 1985.

Quand il met un terme à sa magnifique carrière de joueur à l’été 1988 après 554 matchs sous le maillot bianconero (et 32 buts marqués, quand même), Scirea se reconvertit comme entraîneur adjoint de Dino Zoff. Celui-ci lui confie la mission d’observer les adversaires de la Juve, ce qu’il fait début septembre 1989 quand il va en Pologne repérer le Gornik Zabrze. Il est victime d’un accident de la route entre Katowice et Varsovie, la Fiat 125 dans laquelle il avait pris place avec un chauffeur, un interprète et un dirigeant du club polonais percute une camionnette en doublant un camion. Les bidons d’essence stockés dans le coffre s’enflamment et le brasier fait trois victimes, dont Gaetano Sciera. L’Italie, sous le choc, pleure son champion du monde.

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Ses cinq matchs contre la France

Alors qu’en sélection Scirea n’a perdu que 18 fois sur 78, face à la France il a été battu deux fois sur quatre, pour une seule victoire. Si on compte le match perdu par la Juventus (non officiel), ça fait trois défaites sur cinq contre les Bleus. En club, il n’a perdu que 100 fois en 624 matchs.

Sel.GenreDateLieuEquipeScorevideo
8 Amical 08/02/1978 Naples Italie 2-2
10 CM T1 02/06/1978 Mar del Plata* Italie 1-2
- Match UNFP 03/09/1980 Paris (Parc) Juventus FC 1-0
47 Amical 23/02/1982 Paris (Parc) Italie 2-0
78 CM 1/8 17/06/1986 Mexico* Italie 2-0

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