Ainsi s’achevaient les finales à domicile

Publié le 12 juillet 2023 - Matthieu Delahais

Les Bleus ont remporté leurs deux premiers titres majeurs en France, le premier en 1984 au Parc des Princes, le second en 1998 à Saint-Denis. A chaque fois elles se sont terminées par un but marqué dans le temps additionnel à dix contre onze.

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La finale de l’Euro 1984 face à l’Espagne est difficile pour les Bleus qui réussissent toutefois à ouvrir le score sur un coup-franc de Michel Platini avant l’heure de jeu. Mais réduits à dix après l’expulsion d’Yvon Le Roux, la fin de match s’annonce très délicate. C’est Bruno Bellone qui libère son équipe, le Parc des Princes et des millions de Français en marquant le second but des Bleus. « Après un ballon récupéré par Amoros, je vois Jean Tigana qui accélère au milieu du terrain, je me décale entre les deux défenseurs centraux espagnols, Gallego et Camacho, pour qu’il puisse me la donner. Il me la glisse au bon moment. Arrivé devant Arconada, je vois qu’il ne sort pas et bloque le côté pour que je tir croisé. Au dernier moment, je décide de la piquer... » [1]


 

En janvier 2016, le site SoFoot [2] avait interrogé le buteur à ce sujet, mais en dépit de nombreuses tentatives pour parler de ce but, Bellone a toujours mis le collectif en avant. « J’ai un gros souvenir de l’ambiance dans notre groupe. On était vraiment solidaires, on s’encourageait beaucoup. On était une équipe de copains, on pouvait tout se dire. On déconnait pour dédramatiser les matchs. » Bellone ne se voit pas non plus comme un joueur clé. « Tous les joueurs ont été importants, ainsi que l’entraîneur et son staff, c’est ça la réussite de cette équipe. On a formé une équipe soudée, sans faille. »

Bellone : « Platini au summum, derrière ça suit »

Il concède tout de même l’apport indéniable de Michel Platini. « Si on doit prendre un joueur, c’est Platini, car il plante 9 buts. Il marchait sur l’eau. De s’appuyer sur un mec comme ça, c’est déjà génial, car on avait le meilleur joueur du monde avec nous. Il a été au summum de sa carrière : il n’était pas blessé comme en 82 et 86. Platini au summum, derrière cela suit. » Bellone se rappelle aussi du conseil que le capitaine des Bleus avait donné à ses partenaires avant la finale. « Les gars, la seule chose que vous avez à regarder avant le match, c’est la coupe. »

A quelques heures de la finale de l’Euro 2016, que l’équipe de France joue également à domicile, Bellone conseille à ses successeurs de ne pas rêver la finale avant de la jouer, mais surtout, il rappelle l’importance de jouer face à son public. « On avait un public fantastique qui nous menait vers les victoires. Personnellement, c’est le plus beau souvenir que je garde de cet Euro. Selon moi, c’est grâce à ça qu’on a remporté l’Euro, parce qu’on a été porté par le public vers la victoire » [3]

Quatorze après 1984, à quelques instants d’un titre de champion du monde qui leur semble promis, les Bleus sont dans une situation similaire. Ils jouent à dix contre onze face au Brésil depuis une vingtaine de minutes, avec toutefois une marge un peu plus confortable puisque Zidane a marqué par deux fois en première mi-temps.

Lebœuf : « je vois le grand blond me doubler »

Emmanuel Petit, initialement milieu de terrain, joue alors en défense centrale aux côtés de Frank Leboeuf pour pallier le retour prématuré aux vestiaires de de Marcel Deailly. A la 92e minute, suite à un énième corner brésilien, Leboeuf voit son coéquipier suivre la contre attaque amorcée par Christophe Dugarry [Emmanuel Petit revient sur le but qu’il a marqué face au Brésil en finale de la Coupe du monde, 8 février 2017]]. « Ce qui est amusant, c’est qu’à ce moment-là, on est tous les deux en défense centrale. Quand il y a le dégagement de Dug’, je me dis : ’j’y vais, je monte’. Et d’un seul coup, je vois le grand blond avec les chaussures noires me doubler (...), je l’ai vu partir, et là il marque, c’était magnifique ».


 

De son côté, Petit explique [4] : « (Christophe) Dugarry remonte le ballon et le donne à Patrick (Vieira). Moi je fonce de ma défense centrale parce que je sais qu’à ce moment-là, il ne peut plus rien nous arriver. Je vois que les Brésiliens ne se replacent pas, ils ont abandonné en fait, ils savent très bien qu’on s’oriente vers la victoire et qu’il n’y a plus rien à faire dans ce match. Moi, je me dis qu’il y a un coup à jouer, quand même. On a fait une contre-attaque fulgurante où on se retrouve aux abords de la surface de réparation. Ça m’a rappelé le binôme qu’on formait au milieu à Arsenal, et je suis très content que cette Coupe du monde ait été ponctuée par cette action avec Patrick (Vieira). On sortait d’un doublé Coupe-Championnat avec Arsenal, on avait connu la célébration dans les rues de Londres, et que ce soit lui qui me donne le troisième but... c’était écrit ».

Platini qui quatorze ans plus tôt avait focalisé l’attention de ses partenaires sur le trophée, conseille encore Didier Deschamps, l’heureux capitaine des Bleus au moment de soulever la récompense suprême [5]. « Il m’avait dit quelque chose, il avait bien raison, il m’a dit : ’prends le temps, prends le temps’. Ça va vite hein, le temps de monter... ’Prends le temps parce que tu sais jamais après ce qui peut se passer’. C’est tellement un moment extraordinaire on ne peut pas se rendre compte on est encore dans l’instantané ».

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