Quatre ans à la belle étoile

Publié le 21 octobre 2022 - Bruno Colombari

Si on regarde le détail des 50 matchs joués par les Bleus entre les Coupes du monde 1998 et 2002 et les 49 disputés entre les éditions 2018 et 2022, quels enseignements peut-on tirer ?

4 minutes de lecture

C’est déjà fini : comme ces quatre années ont passé vite ! Et en plus, le report de la Coupe du monde à la fin de l’automne a laissé un sursis de cinq mois aux Bleus de 2018, qui leur a permis de compenser la saison tronquée 2019-2020 qui s’est interrompue après six matchs joués.

C’est ce qui explique le fait qu’en nombre de matchs disputés, cette période, pourtant plus longue que celle entre août 1998 et mai 2002 pendant laquelle les Bleus ont été champions du monde en titre pour la première fois, compte quasiment le même nombre de matchs que la précédente (49 contre 50).

Sur le plan comptable, le bilan est très similaire : les deux générations ont perdu 6 fois seulement, mais celle de 1998 a gagné un peu plus souvent (34 fois contre 31) et a concédé un peu moins de matchs nuls (10 contre 12).

Au niveau des buts, la génération Lemerre a été plus efficace, en en marquant 106, pour 40 encaissés (101 à 40 également pour la génération Deschamps).

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29 matchs amicaux entre 1998 et 2002

Mais si on entre dans le détail compétition/amical, tout change : entre août 1998 et mai 2002, les Bleus, qualifiés d’office pour la Coupe du monde asiatique en tant que tenants du titre [ [L’équipe de France a été le dernier champion du monde à bénéficier de cet avantage. Désormais, le tenant du titre doit passer par les qualifications.]], ont joué pas moins de 29 matchs amicaux, soit plus de la moitié du total (58%). Et comme on pourrait s’en douter, ces matchs sans enjeu améliorent le bilan final, puisque les Bleus en ont gagné 19 (66% du total), pour 7 nuls et, quand même, 3 défaites (Espagne 2001, 0-1. Chili 2001, 1-2. Belgique 2002, 1-2). Ils ont inscrit 64 buts et en ont encaissé 21.

3 défaites en compétition, et deux titres

En compétition, il reste donc 21 matchs. Le bilan est là aussi très bon, avec 15 victoires (71%) pour 3 nuls et 3 défaites (Russie 1999, 2-3. Pays-Bas 2000, 2-3. Australie 2001, 0-1). L’attaque a été plutôt efficace, quoiqu’un peu moins qu’en amical (42 buts marqués) mais la défense n’a pas toujours été sereine (19 buts encaissés, presque un par match).

Enfin, dans cet intervalle, les Bleus ont remporté les deux compétitions auxquelles ils ont participé : l’Euro 2000, devenant les premiers à réussir un doublé monde/Europe dans cet ordre, et la Coupe des Confédérations 2001, pour leur première participation.

51 joueurs dont 23 nouveaux, mais priorité aux champions du monde

Roger Lemerre, dont le mandat de sélectionneur couvre toute la période (et la déborde avec les trois matchs de la Coupe du monde 2002) a fait appel à 51 joueurs, dont 23 nouveaux (45% du total). Un chiffre relativement élevé mais qui masque deux tendances :

 un recours massif et constant aux champions du monde. Sur les 18 joueurs utilisés au moins 20 fois, deux seulement n’ont pas été titrés en 1998 : Sylvain Wiltord (lancé en février 1999 et qui a joué 39 fois) et Nicolas Anelka (première sélection en avril 1998, 27 capes avec Lemerre). 13 des 16 autres iront en Corée du Sud en mai-juin 2002, les trois manquants étant Laurent Blanc et Didier Deschamps, qui ont mis un terme à leur carrière internationale en septembre 2000, et Robert Pirès, blessé au genou. Alain Boghossian, qui a joué 15 fois dans l’intervalle, est le 14e champion du monde appelé en 2002.

 une rotation intense avec 26 joueurs à moins de 10 matchs joués sur la période. 15 d’entre eux n’atteindront d’ailleurs pas 10 sélections dans leur carrière internationale, dont 5 resteront des éphémères (un seul match joué) : Stéphane Porato, Richard Dutruel, Zoumana Camara, Nicolas Gillet et Frédéric Née. Ces 26-là ne seront plus que 3 dans la liste des 23 pour la Coupe du monde 2002 : Philippe Christanval, Grégory Coupet et Djibril Cissé, le seul qui aura du temps de jeu en Corée du Sud.

Côté buteurs, David Trezeguet en a inscrit 18 (en 26 matchs, dont seulement la moitié en tant que titulaire !), devant Sylvain Wiltord (12 en 39 capes) et Youri Djorkaeff (10 sur 35). Viennent ensuite Thierry Henry (9), Robert Pirès et Zinédine Zidane (8). 23 buteurs différents ont marqué pour les Bleus.

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40 matchs de compétition sur 49 entre 2018 et 2022

Entre septembre 2018 et septembre 2022, sur 49 matchs, seuls 9 sont des amicaux. Ils sont si rares qu’ils se comptent sur les doigts des deux mains : Islande (2-2) et Uruguay (1-0) fin 2018, Bolivie (2-0) en 2019, Ukraine (7-1) et Finlande (0-2) en 2020, Galles (3-0) et Bulgarie (3-0) en 2021, Côte d’Ivoire (2-1) et Afrique du Sud (5-0) en 2022. 7 victoires pour un nul et une défaite.

5 défaites qui comptent, dont trois cette année

En compétition, le tableau est plus décevant : 40 matchs joués, 24 victoires (60% du total), 11 nuls et 5 défaites (Pays-Bas 2018, Turquie 2019, Danemark deux fois et Croatie 2022), ce qui commence à faire beaucoup. Surtout que les trois dernières sont regroupées sur les six derniers matchs avant la Coupe du monde…

Si la défense a été plutôt bonne (34 buts encaissés), l’attaque reste sous les deux buts par match (76 marqués), ce qui est étonnant compte tenu du fait que c’est le secteur le plus fort de l’équipe (avec quatre des dix meilleurs buteurs de l’histoire, excusez du peu) et que plusieurs adversaires rencontrés étaient de faible niveau (Andorre, l’Albanie, le Kazakhstan, la Finlande, la Moldavie…).

Une compétition perdue, une autre gagnée

Dans l’intervalle de quatre ans qui a suivi la Coupe du monde 2018, les Bleus ont participé, comme deux décennies plus tôt, à deux compétitions. S’ils en ont gagné une (la Ligue des Nations 2021), ils ont perdu l’autre (l’Euro 2020). Moins bon bilan que la génération 1998, donc.

Didier Deschamps, dont l’intervalle entre les deux Coupes du monde représente moins de la moitié de son mandat (débuté en 2012), a retenu pas moins de 61 joueurs différents en 49 matchs, un total largement supérieur à celui de Roger Lemerre. Parmi eux, il y a 29 nouveaux (48% du total), avec le cas particulier d’Alphonse Aréola, champion du monde avant sa première sélection.

Il n’y a plus que 13 joueurs utilisés au moins 20 fois, et parmi eux, 10 sont des champions du monde avec en tête Antoine Griezmann (49 matchs, aucun manqué donc), Raphaël Varane (38), Kylian Mbappé (37) ou Hugo Lloris (35). Les trois qui n’étaient pas en Russie en 2018 sont Kingsley Coman et Lucas Digne (25 matchs) ainsi qu’Adrien Rabiot (23). Trois joueurs qui ont débuté en sélection entre 2014 et 2016.

7 champions du monde qui ont très peu joué

Là aussi, il y a eu beaucoup de rotation, forcément, avec 35 joueurs à moins de 10 sélections dans la période, mais dans lesquels on compte quand même 7 champions du monde : Nabil Fekir (7), Samuel Umtiti et Steve Mandanda (6), Florian Thauvin et Alphonse Aréola (5), Benjamin Mendy (2) et Adil Rami (1).

Dans les autres, on trouve 5 éphémères, mais comme tous sont encore en activité, il n’est pas certain qu’ils gardent ce statut : c’est le cas d’Alassane Pléa, Ruben Aguilar, Nordi Mukiele, Houssem Aouar et Adrien Truffert.

Côté buteurs, le plus prolixe n’est ni Olivier Giroud, ni Antoine Griezmann (18 buts chacun quand même), mais Kylian Mbappé (20, en 37 matchs). Le quatrième est Karim Benzema, avec 10 buts en 16 apparitions. A eux quatre, ils ont inscrit 66 buts sur 101, ne laissant que des miettes aux 21 autres.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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