Sélectionneurs, leur toute première fois

Publié le 7 janvier 2021 - Bruno Colombari

Comment ont débuté les seize sélectionneurs uniques de l’équipe de France depuis 1964 ? Quelles conclusions peut-on tirer d’une victoire ou d’une défaite initiale ? Combien de débutants ont été lancés à cette occasion ? A quelle période de l’année ont eu lieu les rotations ?

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Ceux qui ont commencé par une victoire : Guérin, Dugauguez, Kovacs, Michel et Jacquet

On pourrait penser que débuter par un match gagné donne confiance au nouveau sélectionneur. Si c’était si simple… Ils sont cinq à l’avoir fait, pour des performances suivantes très diverses. Si évidemment Aimé Jacquet, le dernier à avoir commencé par une victoire (contre l’Italie à Naples en février 1994), a enchaîné 29 matchs sans défaite et a fini champion du monde, on ne peut pas dire que Henri Guérin (éliminé au premier tour de la Coupe du monde deux ans plus tard en Angleterre), Louis Dugauguez (échec à la qualification pour 1970) ou Stefan Kovacs aient tiré grand parti d’une victoire initiale. Pourtant, Dugauguez avait débuté fort par un succès d’ampleur à l’extérieur et en compétition, et il est le seul à l’avoir fait (4-1 en Pologne en septembre 1967). Henri Michel est dans un entre-deux : vainqueur facile du Luxembourg en octobre 1984 (4-0), il avait toutefois perdu un mois plus tôt pour ses débuts officieux contre l’Inter Milan (0-1). Et il a fini par un nul peu glorieux à Nicosie contre Chypre en octobre 1988 (1-1).

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Ceux qui ont commencé par un match nul : Hidalgo, Lemerre, Santini, Domenech et Deschamps

C’est la tendance récente, puisque quatre des cinq derniers sélectionneurs ont débuté par un score de parité, qui plus est à chaque fois en amical. Comme s’il y avait besoin d’un rodage au mois d’août, un moment pour découvrir un groupe, faire des essais, à un moment où le résultat est secondaire. Le seul pour qui le nul initial ressemblait à une quasi victoire est le premier de la liste, Michel Hidalgo : en mars 1976, avec une équipe hybride composée de gamins (Platini, Bossis, Six, Rampillon, Soler) et de baroudeurs (Trésor, Michel, Pintenat), il tient tête aux futurs champions d’Europe tchécoslovaques, menant même 2-0 avant d’être rejoint 2-2.

Commencer par un nul n’a pas empêché Lemerre de devenir champion d’Europe deux ans plus tard, ni Didier Deschamps de conquérir une deuxième Coupe du monde dans sa sixième année de sélectionneur.

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Ceux qui ont commencé par une défaite : Snella/Arribas, Fontaine, Boulogne, Platini, Houllier et Blanc.

C’est le cas le plus fréquent depuis 1964, mais qui devient de plus en plus rare : un seul des six derniers sélectionneurs a perdu son premier match dirigé. Il s’agit de Laurent Blanc, mais qui avait une excuse : contre la Norvège en août 2010, il avait pour consigne de ne retenir aucun des 23 joueurs ayant participé à la Coupe du monde sud-africaine. En revanche, il est clair que tous ceux qui ont commencé par une défaite ont échoué à court terme (Snella et Arribas en 1966, Fontaine en 1967, Houllier en 1993) ou à moyen terme (Boulogne en 1973 et Platini en 1992).

Le cas de Georges Boulogne est toutefois particulier : le père de la formation française avait dû remplacer au pied levé Louis Dugauguez, démissionnaire pour cause de date de Coupe de France non déplacée avant un match des Bleus à Wembley contre les champions du monde anglais.

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La plupart commencent en août ou septembre

C’est la logique de la saison : sur 16 sélectionneurs, ils sont 11 à avoir pris en main l’équipe de France à la fin de l’été ou au tout début de l’automne, entre août et début octobre. Et encore, pour Henri Michel la vraie date est plutôt début septembre (1984) avec un match UNFP contre l’Inter Milan (non officiel).

Les seuls arrivés en cours de saison sont donc Michel Platini en novembre (1988), Aimé Jacquet en février (1994), Just Fontaine, Georges Boulogne et Michel Hidalgo en mars (1967, 1969 et 1984). C’est peu, surtout quand on sait que pour les cas de Hidalgo et Jacquet, les Bleus étaient déjà éliminés du championnat d’Europe 1976 pour le premier, de la Coupe du monde 1994 pour le deuxième. Fontaine, Boulogne et surtout Platini ont pris la sélection en cours de phase qualificative, sans aucun succès.

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Commencer avec des nouveaux, ou pas

Chaque sélectionneur débutant a lancé de nouveaux joueurs, ce qui est logique. Certains s’en sont tenus au service minimum comme Georges Boulogne, Henri Michel ou Aimé Jacquet, avec un seul nouveau lors du premier match. A l’inverse, Laurent Blanc en a lancé 8 (mais dans un contexte très particulier, on l’a vu) et Raymond Domenech 7 (en comptant les remplaçants). Plus fréquemment, il y a eu 4 débutants avec Fontaine ou 3 avec Guérin, Snella/Arribas, Dugauguez, Deschamps, alors que Platini, Houllier, Lemerre et Santini s’en sont tenus à 2.

En revanche, ce nombre de débutants au premier match n’a pas d’incidence avec la moyenne de nouveaux sur l’ensemble du mandat du sélectionneur. Cette moyenne est élevée dans les années 60 (entre 1,20 et 3) et dans les deux années de Kovacs (2,20). Il est descendu autour de 0,5 depuis les années 2000.

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