Mise à jour d’un article initialement paru en août 2020.

Depuis 1904, en 907 matchs, l’équipe de France et ses adversaires ont déplacé 34,23 millions de spectateurs, soit environ la population des Pays-Bas, de la Belgique et du Danemark réunis. Ce qui représente une moyenne par match de 37.700 spectateurs, un peu moins que la capacité du stade Bollaert de Lens. 18,79 millions ont vu jouer les Bleus à domicile, et 15,44 millions à l’extérieur. Mais c’est une évolution récente : avant l’ouverture du Stade de France, à la fin de 1997, les affluences cumulées à l’extérieur (9 millions) étaient clairement supérieures à celles à domicile (8,6 millions).

Longtemps pénalisée par des stades de capacité réduite par rapport à ceux des grandes capitales européennes (Colombes atteignait 60.000 places, le premier Parc des Princes 40.000 et le nouveau un peu moins de 49.000), l’équipe de France a réalisé ses dix meilleures affluences à l’extérieur.

Trois ont dépassé les 100.000 dont deux à 125.000, Glasgow (Hampden Park en 1949) ayant fait un peu mieux que Madrid (Santiago-Bernabeu en 1955). Deux autres matchs ont dépassé les 90.000, un contre l’Angleterre à Wembley lors de la Coupe du monde 1966, l’autre face à la Hongrie à Budapest en 1957. Les six suivants se situent entre 83.000 et 89.000 spectateurs, un total presque atteint lors de la finale de la Coupe du monde 2022 (88.966). Ils ne pourront pas être battus par une affluence à domicile, le Stade de France ne dépassant pas les 80.000 sièges dans sa configuration actuelle.

Les années 1970, 1980 et 1990, trente pas glorieuses

Le Stade de France, justement, cannibalise les 100 places suivantes (avec 70.000 spectateurs et plus), où il apparaît 77 fois, tout juste concurrencé par San Siro à Milan (contre l’Italie en 2007), le stade olympique de Berlin (face à la RFA en 1967), ou Loujniki à Moscou en 2018. Car évidemment, il y a un avant et un après Stade de France.

Jusqu’en 1997, la plupart des records d’affluences annuels ont lieu à l’étranger. Et l’inauguration du nouveau Parc des Princes, en 1972, n’y change rien. Sa capacité modeste (environ 48.500 places en configuration internationale) le met presque systématiquement derrière les stades étrangers : 21 fois en 28 ans. Et encore, en 1988 il ne fait pas mieux qu’un minuscule 22.000 spectateurs contre la Norvège en septembre.

On est très loin des 65.204 à Glasgow six mois plus tard, ou de 86.048 à Moscou (au stade Lénine) en septembre 1987. C’est d’ailleurs un seuil qui n’a plus été franchi depuis, même s’il a été approché une seule fois au 21e siècle, en novembre 2010 au nouveau Wembley contre l’Angleterre (85.495).

Si dans la première décennie des Bleus, là aussi les affluences étaient presque toujours (largement) supérieures à l’extérieur, la tendance s’est nettement équilibrée entre 1919 et 1959, tant que Colombes était majoritairement utilisé, plutôt que l’ancien Parc des Princes. En 40 ans, la meilleure affluence de l’année a été à 18 reprises à domicile, et 18 fois à aussi l’extérieur (deux années sans match en 1941 et 1943, et trois autres où les meilleures affluences étaient équivalentes). Le record monte à 62 145 en octobre 1956 contre l’URSS de Yachine à Colombes. Il allait tenir jusqu’à l’inauguration du Stade de France en janvier 1998 (78.268).

Le grand rush de l’après-guerre, 1955 année record

C’est d’ailleurs juste avant, en 1955, que les Bleus connaissent la plus forte affluence moyenne (tous matchs confondus) avec 62.808 spectateurs à chacune de leurs sorties. Le détail ? 125.000 à Madrid contre l’Espagne en mars (deuxième meilleure affluence de l’histoire de l’équipe de France, 2-1). 34.769 en avril à Colombes face à la Suède (2-0). 54.696 un mois plus tard au même endroit contre l’Angleterre (1-0). 54.000 en octobre à Bâme contre la Suisse et deux semaines plus tard à Moscou face à l’URSS (2-2). 60.654 en novembre contre la Yougoslavie à Colombes (1-1) et 56.540 à Bruxelles face à la Belgique à Noël (1-2).

L’immédiat après-guerre, entre 1945 et 1959, voit des moyennes très élevées, entre 40 000 et 62 000 spectateurs, à l’exception de 1953 (34.000) et de 1958 (33.000), la Coupe du monde en Suède faisant baisser la moyenne avec des affluences maigrichonnes, entre 12 et 16.000 pour les quatre premiers matchs, 27.000 pour la demi-finale contre le Brésil et, curieusement, 32.000 pour la troisième place face à la RFA. L’explication est simple : le public a été sevré de football pendant les six années de guerre en Europe, les stades sont grands (avec une majorité de places debout, évidemment), les places d’un prix modique et la télévision n’a pas envahi les foyers, les matchs n’étant de toutes façons pas retransmis.

En 2018, le million de spectateurs est dépassé

En valeur absolue, qui dépend évidemment du nombre de matchs joués, c’est 2018 qui a attiré le plus de public pour voir Griezmann, Mbappé, Pogba ou Lloris : 1.038.480 spectateurs en 18 rencontres, dont 380.568 lors des sept matchs de Coupe du monde en Russie. Cette année-là, les Bleus jouent devant 80.000 personnes trois fois au Stade de France (Colombie en mars, Pays-Bas en septembre et Allemagne en octobre), deux fois 78.011 au stade Loujniki de Moscou (Danemark et Croatie) et une fois 70.000 face à l’Irlande à Saint-Denis. La plus petite affluence de l’année a lieu… à Guingamp en octobre contre l’Islande en amical (18.221).

2020, année blanche ou presque

La pandémie de Covid qui a entraîné le report de l’Euro 2020 et supprimé les matchs internationaux du premier semestre a eu une autre conséquence : les stades à huis clos. Les Bleus en ont joué 9 entre septembre 2020 et juin 2021 dont cinq à domicile, et six autres avec des jauges plus ou moins restreintes, y compris à l’Euro en juin 2021 (contre l’Allemagne à Munich) et en Ligue des Nations en octobre 2021 (à Turin et à Milan). Le retour à des stades pleins s’est fait à Budapest contre la Hongrie à l’Euro, puis à Strasbourg et à Lyon en septembre 2021.

C’est en 2022 que les affluences ont retrouvé leur niveau d’avant la pandémie, avec un cumul de 839.000 spectateurs sur les 15 matchs joués cette année-là, soit une moyenne de près de 56.000 personnes. Les stades en Allemagne n’étant pas très grands (seul celui de Berlin atteint les 70.000 places, ceux de Munich et de Dortmund dépassant les 60.000), il faudra sans doute attendre 2026 et la Coupe du monde aux Etats-Unis pour voir éventuellement tomber le record de 2018.

En bleu, quand la meilleure affluence de l’année a lieu à domicile. En rouge quand c’est à l’extérieur.