Les tableaux d’affichage permettent depuis longtemps aux spectateurs de suivre l’évolution du score. En dépit de cet outil, complété par une incrustation sur les écrans de télévision depuis l’ère cathodique, il arrive que les supporters des Bleus aient parfois un peu de mal à connaître le score exact des rencontres de leurs favoris.

Le premier souci rencontré remonte à 1900, alors que l’équipe de France n’existe pas encore. Du moins officiellement. Car en 1900, dans le cadre de l’Exposition Universelle de Paris ont lieu des épreuves sportives, dont un tournoi de football-association. Une équipe de France, composée de l’ossature du Club Français complétée par deux joueurs du Racing Club de France, Eugène Fraysse et Maurice Macaire, défend les couleurs nationales. La première rencontre le 20 septembre se solde par une défaite logique face à l’équipe anglaise (0-4), mais la presse se plaint les conditions d’accueil notamment de l’absence d’un tableau d’affichage pour le score.

Aux JO de 1900, les Français battent les Belges 6-2, ou bien 7-4

Ce problème est résolu lors de la seconde opposition qui voit les Français affronter l’équipe belge, le 23 septembre. Le lendemain, L’Auto annonce une victoire française 6-2, tandis que d’autres journaux (La Dépêche, La Presse) parlent d’un score de 7-4. Le seul point sur lequel tout le monde s’entend est que les Belges menaient 2-1 à la pause. Une explication possible est que le tableau d’affichage ait été remis à 0-0 à la mi-temps. Si les Français se sont imposés 6-2 lors du second acte (résultat entériné par une partie de la presse), cela coïnciderait avec le score de 7-4 (score remonté par d’autres journaux) et une Belgique menant 2-1 au bout de 45 minutes.

Lire l’article En 1900, sur les traces de la première équipe de France

En 1908, le 17-1 devient un 10-7

En 1908, c’est une rencontre lors des Jeux olympiques qui va susciter l’embarras de l’USFSA, organisme en charge de l’équipe de France. Pour des raisons expliquées par ailleurs [1], la France aligne deux équipes lors de l’épreuve. La première, l’équipe B, est écrasée 9-0 par le Danemark. Trois jours plus tard, l’équipe A encaisse un humiliant 17-1 face à la même nation. Le 23 octobre, lendemain de cette déroute, Tous les sports, l’organe officiel de l’USFSA, dresse un compte rendu laconique de ces deux rencontres : « Deux équipes de l’Union ont participé cette semaine au concours de football association. Lundi dernier notre équipe B a été battue par le Danemark par 9 buts à 0 et notre équipe A fut de même battue par le Danemark dans une des demi-finales par 10 buts à 7 ». L’écart aurait été bien moindre dans ce cas et même si la défense resterait plus que friable, la présentation offensive des Tricolores aurait été remarquable.

• Tous les sports du 23 octobre 1908 (BNF Gallica)

En 1910, une équipe non officielle encaisse 20 buts, deux fois dix

La situation du football a bien évolué en France en 1910. L’USFSA a quitté la FIFA, où elle a été remplacée par le CFI, mais continue de jouer des rencontres internationales contre d’autres associations en marge de la Fédération internationale. Le 12 mars, la France (version USFSA) est humiliée 20-0 par l’Angleterre, version Amateur Football Association. Le 13 mars, un fin entrefilet à la Une du journal L’Auto relate le résultat en ces termes « C’est en effet par 20 points à rien, que l’équipe de l’AFA a triomphé. » Devant l’incrédulité de ses lecteurs, dont certains ont cru à une erreur typographique, L’Auto se sent obligée de confirmer le résultat trois jours plus tard « Rassurez-vous, chers lecteurs, c’est le bien le onze prévu qui a été battu par 20 buts (deux fois 10, comme disent les demoiselles du téléphone) à 0 ». [2]

En 1926, les préposés étaient daltoniens

Le premier France-Yougoslavie de l’histoire va réserver une drôle de surprise aux spectateurs présents dans le Stade de Colombes le 13 juin 1926. Certes, la France évolue en rouge, laissant à son adversaire du jour ses couleurs habituelles. En ces temps anciens, c’est effectivement l’équipe visiteuse qui conserve ses couleurs si elles sont identiques à celles de son hôte. Mais visiblement, les préposés à l’affichage du score (via des panneaux mobiles) ne le savaient pas. Ainsi, lorsque la France marque un premier but, puis un second, ils sont attribués aux Yougoslaves qui mènent donc au score 2-0 sur le tableau d’affichage. Mêmes les protestations du public ont du mal à faire entendre raison aux responsables du panneau.

• L’Auto du 16 juin 1926 (BNF Gallica)

En 1993, pour TF1 Kostadinov était français

En novembre 1993, les Bleus jouent leur qualification pour la Coupe du monde face à la Bulgarie. Un nul suffit aux Français pour aller en Amérique et c’est le score qu’ils tiennent alors que l’on arrive à la fin du match. Mais l’histoire se finit mal. Le ciel tombe sur la tête de l’équipe de France et de ses supporters lorsque Kostadinov marque le but décisif. Le scénario est tellement incroyable que même les techniciens de la régie de TF1 s’embrouillent en affichant pendant quelques secondes dans un bandeau « France 2-1 Bulgarie ».

Présent lors de ce funeste match, Didier Deschamps, devenu sélectionneur, connait deux mésaventures du même acabit, avec son équipe en Coupe du monde. Toutes deux résultent toutefois de décisions arbitrales plutôt que d’erreur des responsables de l’affichage du score.

En 2014, les Suisses manquent de peu prendre un set

Lors du premier tour de la Coupe du monde 2014, au terme d’un match emballant face à la Suisse, la France termine en roue libre lorsque Karim Benzema marque le sixième but français. Le score de 6-2 s’affiche dans le haut de l’écran, avant que l’arbitre n’annule ce dernier but inscrit alors qu’il avait sifflé la fin du match au moment de la passe décisive.

En 2022, un but annulé pendant la pub

Le second cas est plus récent et a fait couler plus d’encre. Lors de la dernière Coupe du monde, Antoine Griezmann égalise dans les arrêts de jeu face à la Tunisie. Le score de 1-1 s’affiche à l’écran et sur le tableau d’affichage. Il sauve ainsi une bien triste prestation de son équipe et l’arbitre fait engager les Tunisiens, puis est interpellé par la VAR qui annonce une position de hors-jeu. Le but est alors annulé. Mais les téléspectateurs ne le sauront que quelques minutes plus tard, puisque TF1 rend l’antenne avant la décision de la VAR.