Ainsi s’achèvent les carrières (4) : par un hommage

Publié le 3 février 2019 - Bruno Colombari

Dernière partie de cette série consacrée aux adieux internationaux : les rares cas où un hommage a été rendu sur le terrain au partant. Ils sont huit à y avoir eu droit, mais seulement quatre en tant que joueurs en activité.

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Il y a ceux qui finissent dans l’indifférence d’un match vite oublié (Lire Ainsi s’achèvent les carrières (1) : dans l’anonymat), ceux qui préfèrent les sunlights d’un Euro ou d’une Coupe du monde (Lire Ainsi s’achèvent les carrières (2) : en phase finale), ceux dont la carrière s’arrête à l’infirmerie (Lire Ainsi s’achèvent les carrières (3) : sur blessure). Et ceux, plus chanceux, qui ont droit à un hommage pour leur dernière sortie, ou longtemps après.

Roger Marche, le 17 décembre 1959 (Espagne, 4-3)

L’arrière gauche du RC Paris a 35 ans et 9 mois quand l’équipe de France joue le dernier match amical de l’année, contre l’Espagne au Parc des Princes. L’Espagne et son attaque de feu Kubala, Di Stéfano, Suarez, Gento. Sans Piantoni ni Wisnieski mais avec Fontaine, Kopa et Vincent, les Bleus ne sont pas mal non plus, emmenés par Robert Jonquet qui a récupéré le brassard de capitaine. Roger Marche est remplaçant, ce qui veut dire que son 62e match, quatre jours plus tôt contre l’Autriche (5-2) est probablement son dernier. Mais Raymond Kaelbel se blesse rapidement et Albert Batteux demande à Marche de rentrer. L’Espagne mène alors 1-0, mais les Français marquent trois buts en dix minutes. A l’heure de jeu, Marche monte côté gauche, talonne pour Fontaine qui lui remet dans la course. Marche entre dans la surface, voit le gardien Ramallets avancé et le lobe au second poteau. C’est son premier (et dernier) but international. Le public du Parc est debout et l’ovationne. C’est ce qui s’appelle soigner sa sortie.


 

Laurent Blanc, Didier Deschamps et Bernard Lama, le 2 septembre 2000 (Angleterre, 1-1)

Il aura fallu que Roger Lemerre parlemente longuement dans le rond central du stade de Kuip, au soir du 2 juillet qui vit les Bleus devenir champions d’Europe, pour que Didier Deschamps ne jette pas l’éponge tout de suite. Il comptera donc deux sélections de plus à ses 101, et c’est en septembre au Stade de France qu’un hommage officiel lui sera rendu. Pas qu’à lui : Laurent Blanc, qui avait annoncé son départ après l’Euro, et Bernard Lama, qui n’avait rien demandé, forment le podium des honorés. A la 58e, Blanc et Deschamps ont droit à une standing ovation à leur sortie du terrain, pendant que Lama fait en sorte de préserver le nul jusqu’au bout (1-1). C’est la seule fois dans l’histoire de l’équipe de France qu’une fin de carrière internationale est ainsi mise en scène. On ne sait pas encore à quel point ces départs vont affaiblir les Bleus. Si Deschamps mettra un terme à sa carrière à la fin de la saison au FC Valence, Laurent Blanc jouera encore jusqu’en 2003 avec l’Inter Milan et Manchester United. Autant dire qu’il aurait pu être du voyage en Corée du Sud en 2002.


 

Thierry Henry (et Zinédine Zidane, Marcel Desailly et Patrick Vieira) le 26 mars 2015

Ces quatre-là ont bien été honorés par la FFF, mais sans jouer. Et pour cause : ils ont tous cessé leur carrière en club : depuis décembre 2014 pour Henry (Red Bulls), en juillet 2011 pour Vieira (Manchester City), en juillet 2006 pour Zidane (Real Madrid) et en mai 2006 pour Desailly (sans club). En décembre 2014, une proposition venue de plusieurs médias arrive à la FFF : pourquoi ne pas offrir une dernière sélection à Henry contre le Brésil en mars 2015 ? Noël Le Graët parle d’un « débat intéressant », Didier Deschamps ajoute que « ça mérite réflexion ». Puis finalement non : la priorité, c’est de préparer l’Euro 2016. Même s’il reste 14 matchs amicaux à jouer d’ici-là…

Finalement, la FFF choisit de rendre hommage aux six centenaires en sélection avant le coup d’envoi de France-Brésil. Mais sur les six, il y a Deschamps, sélectionneur en poste, qui décline l’invitation. Et Thuram, recordman des sélections (142) qui a autre chose de plus urgent à faire ce jour-là. Voilà comment Henry, Zidane, Desailly et Vieira se retrouvent en costard, vaguement gênés, dans le rond central du stade de France, après avoir écouté poliment un discours de François Hollande (tiens, on l’avait oublié celui-là) en petit comité.


 

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