Mise à jour d’un article initialement paru en avril 2017.
Jusqu’à l’été 2017, il n’y avait pas photo : les performances et le palmarès de Fabien Barthez en sélection (une Coupe du monde, un Euro, une coupe des Confédérations, plus une finale mondiale perdue) et en club (une Ligue des Champions, trois titres de champion de France et deux titres de champion d’Angleterre) étaient largement supérieurs à ceux de Hugo Lloris.
Depuis, la donne a changé. Lloris a rejoint puis largement dépassé le record de 87 sélections (pour un gardien) détenu par son aîné depuis 2006, et il a remporté la Coupe du monde avec les Bleus en Russie, en sauvant de nombreuses balles de match et en ayant l’honneur de soulever en premier le trophée grâce à son statut de capitaine. Avec 123 capes, il est entré dans le club très fermé des centenaires, et peut viser le record de Thuram (142) après avoir dépassé Henry (au temps de jeu) en mars 2021.

Pour le reste, les performances de Fabien Barthez en sélection restent encore au-dessus, qu’elles soient collectives ou individuelles. Avec une moyenne de buts encaissés par match largement inférieure (0,55 contre 0,80) et une durée d’invincibilité incomparable (8 matchs contre 3), le champion du monde 1998 fait partout mieux que celui de 2018. Hormis au nombre de matchs sans but encaissé (51 contre 56, mais avec 36 sélections de moins), au nombre de sélections et à l’assiduité (qui tient compte du nombre de matchs manqués entre le début et la fin de la carrière internationale). Lloris n’a été absent que lors d’un match sur cinq en moyenne (35 sur 158 possibles), contre près d’un match sur deux pour Barthez.
Les graphes ci-dessous permettent de lisser les bilans pour tenir compte de la différence d’apparitions en équipe de France. Sur le premier, qui dresse un bilan général, on voit que Lloris a gagné 60% de ses matchs en Bleus, pour environ 18% de défaites. C’est moins bien que Barthez, qui compte 70% de victoires pour seulement 8% de défaites. Sachant que si un gardien ne peut évidemment pas gagner un match à lui tout seul, il peut éviter une défaite ou préserver un succès étriqué.

En ne regardant que les matches qui comptent, à savoir ceux en compétition, les proportions sont quasiment les mêmes, avec un peu moins de victoires pour Barthez (66%) et un peu plus de nuls, alors que Lloris obtient quasiment mêmes pourcentages (65% de victoires, 16% de défaites).

Le champion du monde 1998 n’a été battu qu’à quatre reprises en compétition : contre la Russie en juin 1999 (2-3), face au Sénégal puis au Danemark en 2002 et contre la Grèce en 2004. Lloris s’est incliné douze fois.
Si on se restreint aux matches de compétition les plus importants, à savoir ceux en phase finale, deux choses sautent aux yeux : Barthez en a joué 28 entre 1998 et 2006 [1] contre 25 pour son cadet, et il n’en a perdu que trois (deux au Mondial 2002, on l’a vu plus haut, et le quart de finale de l’Euro 2004). Lloris s’est incliné six fois en cinq phases finales : face au Mexique et à l’Afrique du Sud en 2010, contre la Suède et l’Espagne en 2012, face à l’Allemagne en 2014 et contre le Portugal en 2016. La Coupe du monde 2018 est la première où il termine invaincu.

Mais son nombre de buts encaissés est bien supérieur : 23 contre seulement 18 pour Barthez. Ce dernier a réussi douze clean sheets (matchs sans but encaissé) en 28 rencontres de phases finales, contre onze pour Lloris (en 25 matchs, donc). Sur ce registre, les deux gardiens sont à peu près aussi performants, Barthez encaissant moins de buts que son cadets sur les autres matchs.
Barthez ne craint pas les prolongations
Fabien Barthez est invaincu en prolongations. Il en a joué six (Paraguay et Italie 1998, Portugal et Italie 2000, Cameroun 2003 et Italie 2006) et n’en a perdu aucune. Mieux : il n’a encaissé aucun but alors que la règle du but en or s’est appliquée pour les cinq premières.
L’expérience de Hugo Lloris est bien moindre. Il n’a joué que deux prolongations, et s’il n’a pas encaissé de buts lors de la première (face à l’Irlande en barrages 2009), il s’est incliné sur un tir lointain d’Eder à la seconde, contre le Portugal en 2016.