Série d’été : c’était l’Euro 1984

Publié le 31 juillet 2019 - Bruno Colombari - 1

Il faut un début à tout : en juin 1984, l’équipe de France de Michel Hidalgo et Michel Platini brise enfin le plafond de verre et obtient son premier titre, quatre-vingts ans après. Cette série raconte les cinq matchs victorieux.

5 minutes de lecture

C’est un temps que les moins de 35 ans ne peuvent pas connaître : celui où François Mitterrand était à l’Elysée et où Laurent Fabius (une sorte de Macron avant l’heure) se préparait à entrer à Matignon, où le président des Etats-Unis était un acteur ringard et viscéralement réactionnaire, où Apple sortait son premier Macintosh où l’on payait en francs, où les héros du sport français se nommaient Noah, Prost ou Hinault et où le championnat se jouait entre Bordeaux, Nantes et Monaco.

C’était en 1984. Le deuxième Euro de l’histoire avait lieu en France, à huit équipes, et les Bleus en étaient pour la première fois les favoris. C’est ce parcours démarré et achevé au Parc des Princes en tout juste seize jours et cinq matchs que je raconte, en replaçant chaque rencontre dans son contexte et en en faisant le récit dans les conditions du direct. Les articles publiés du 1er au 13 août sont listés ci-dessous.

27 juin 1984 : France-Espagne

La première finale de l’histoire du football français n’est pas brillante. Dominés par les Espagnols, les Bleus ont souffert avant de prendre le dessus après un but chanceux de Platini. Mais, pour une fois, seul le résultat compte.

23 juin 1984 : France-Portugal

Dans un Vélodrome en folie, Domergue, Tigana, Chalana et Jordao s’offrent un double retournement de score et un match splendide qui exorcise Séville et envoie les Bleus vers leur première finale.

19 juin 1984 : France-Yougoslavie

Après un match très serré contre le Danemark et une démonstration face à la Belgique, que vont nous sortir les Bleus à Geoffroy-Guichard devant la Yougoslavie ? Un renversement de score et un triplé platinien en 17 minutes.

12 juin 1984 : France-Danemark

Avec leur Ballon d’or Michel Platini, les Bleus sont les grands favoris de l’Euro 1984 qui débute au Parc des Princes. Mais en face, le Danemark d’Allan Simonsen est le dernier adversaire à les avoir battus. Voilà qui ressemble fort à un match piège.

16 juin 1984 : France-Belgique

C’est un match immense, solaire et radieux qui se joue à la Beaujoire entre la France de Platini et la Belgique de Scifo. Le score est énorme, le plus large des Bleus en phase finale à ce jour, mais ce jour-là, personne ne leur aurait résisté.

Pour compléter ces retours, faisons la présentation avec la liste des vingt sélectionnés (c’est la règle à l’époque, jusqu’en 1992), un tour d’horizon des quatre stades ayant accueilli les Bleus et une stat originale : les temps de jeu avec ou sans l’avantage au score pour chacun des cinq matchs.

Les vingt sélectionnés

La liste de Michel Hidalgo est quasiment sans surprise. Le seul absent notable est le Nantais José Touré, forfait sur blessure et remplacé par l’Auxerrois Jean-Marc Ferreri. A noter qu’il ne reste que 11 des 22 internationaux qui ont joué la Coupe du monde en Espagne en 1982. Les trois gardiens (Joël Bats, Albert Rust et Philippe Bergeroo) ont été renouvelés, ainsi que trois défenseurs (Thierry Tusseau, Jean-François Domergue et Yvon Le Roux), deux milieux de terrain (Luis Fernandez et Jean-Marc Ferreri) et un attaquant (Daniel Bravo). En tenant compte qu’il y a deux joueurs de moins dans la liste.

Si on s’attache à l’équipe-type de la compétition, elle compte quatre néo-Bleus (Bats, Domergue, Le Roux et Fernandez), et deux autres qui étaient sur le banc en Espagne (Battiston et Bellone). Seuls subsistent Bossis, Tigana, Giresse, Platini et Lacombe. Six, Rocheteau et Genghini sont remplaçants.

Les quatre stades des Bleus

L’équipe de France débute et finit le tournoi au Parc des Princes, dont les affluences sont dépassées par celles de Nantes et de Marseille, le Vélodrome étant à l’époque le plus grand stade de France avec 55 000 places. Geoffroy-Guichard accueille quant à lui plus de 45 000 personnes dans une configuration avec les kops debout.

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Les Bleus menés pendant 43 minutes

Dans les graphes ci-dessous, on visualise les périodes où l’équipe de France a mené au score (en bleu, plus ou moins foncé suivant l’écart de buts), a été menée (en rouge) et et été à égalité (en gris).

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Que constate-t-on ? Que sur l’ensemble du tournoi, les Bleus ont été menés deux fois (par la Yougoslavie pendant 27 minutes, et par le Portugal pendant 16 minutes), soit un total de 43 minutes. C’est beaucoup plus qu’en 1998 (une minute) et qu’en 2018 (12 minutes). Mais moins qu’en 2000 (98 minutes), on le verra.

Autre remarque : si les Bleus ont ouvert le score quatre fois sur cinq, ils n’ont mené par deux buts d’avance ou plus qu’à deux reprises : pendant 57 minutes contre la Belgique (5-0 au final), quatre minutes face à la Yougoslavie et une poignée de secondes contre l’Espagne en finale en toute fin de match. Autrement dit, lors des 210 minutes où ils ont été devant, il y en a 144 où ils n’avaient qu’un but d’avance. Et par ailleurs, ils ont passé 227 minutes à égalité de score.

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L’Euro 1984 sur Chroniques bleues

Enfin, comme je l’avais fait pour la série sur les gardiens de but, voici une liste d’articles déjà publiés en lien avec l’Euro 84.

1984, une année dans le siècle

C’est l’année parfaite, celle de toutes victoires et de tous les records. Collectifs avec le titre européen et un fond de jeu inégalé, individuels avec les treize buts d’un Michel Platini en état de grâce.

Michel Hidalgo, le jeu avant tout

Sélectionneur des Bleus pendant huit ans, le premier à être titré en 1984, le joueur de Reims a retenu la leçon d’Albert Batteux : le football est d’abord un jeu, et la technique prime sur le reste.

Michel Platini, solstice d’été

Né un 21 juin, c’est le plus grand joueur français de l’histoire, et l’un des meilleurs du monde. Nancéen, Stéphanois, Turinois mais avant tout tricolore, Michel Platini a laissé une trace indélébile entre 1976 et 1987. Et sa carrière multicarte n’est pas finie...

Alain Giresse, pépite tardive

Cinq petites années : la carrière internationale d’Alain Giresse fut aussi brève qu’étincelante. Avec lui, pièce majeure du carré magique, les Bleus deviennent une des meilleures équipes du monde.

Les carrés magiques (1) : Tigana, Fernandez, Giresse, Platini

Trois fois dans son histoire, l’équipe de France a eu dans son jeu un carré d’as, talents complémentaires qui ont entraîné des années fastes. Le premier de la série, celui qui a illuminé le milieu des années 80, était en fait un losange. Bienvenue chez les Fertigipla.

Génération 6, les années Platini (1976-1987)

A partir de 1976, une bande de jeunes prend le pouvoir chez les Bleus. Bossis, Six et Rocheteau accompagnent le meilleur joueur français : Michel Platini. La génération 6 est en marche, rien ou presque ne l’arrêtera.

1984-2016 : 23 maillots en héritage

Pour prolonger l’article sur les numéros des Bleus en coupe du monde, voici celui consacré à ceux de l’Euro depuis 1984. Qui a porté le 9 de Giroud ? Ou le 5 de Kanté ? Quel était celui de Bossis en 1984 ? Pourquoi le 8 est-il devenu un porte-poisse ?

Michel Hidalgo : « l’important n’est pas la vitesse, mais la technique »

En octobre 2012, Michel Hidalgo a accordé à Chroniques bleues un entretien passionnant sur la naissance du carré magique, sa façon de gérer les conflits, le débat entre puissance et technique ou son coaching lors de France-RFA.

Avant le SdF, le PdP

En octobre 2007, le Stade de France accueille la Coupe du monde de rugby. Les Bleus se replient donc sur le Parc des Princes qu’ils avaient quitté dix ans plus tôt. La défaite contre l’Écosse n’effacera pas vingt-cinq ans de souvenirs bleus au Parc des Princes, grandioses ou tragiques.

Matthieu Delahais : « les résultats aident à faire aimer un maillot »

Initiateur du Dico des Bleus, Matthieu Delahais est aussi l’auteur d’un manuscrit sur l’histoire du maillot de l’équipe de France. Après la sortie du modèle 2018, il en a dressé pour nous la généalogie dans une interview ajustée aux épaules et parfaitement respirante.

Ils seront mal habillés

L’habit ne fait pas le moine, et le maillot ne fait pas le champion. Heureusement, parce qu’avec la tenue 2016 de la marque américaine, les Bleus n’étaient pas aidés. Test comparatif avec les cinq plus beaux maillots de l’Histoire. Celui de 1984 est le premier.

Les cinq dernières minutes

Le doublé tardif contre l’Albanie à l’Euro 2016 est le quinzième de l’Histoire des Bleus. De Maës en 1913 à Griezmann et Payet en 2016 en passant par Domergue et Platini en 1984 et Zidane en 2004, petite histoire des cinq dernières minutes.

Platini, 29 juin 1984 : « on peut tomber du balcon ! »

Deux jours après la victoire en finale de l’Euro 84 contre l’Espagne, Michel Platini répond aux questions d’un journaliste de FR3 Lorraine. Il explique qu’il compte jouer encore deux ans à la Juve, puis partir aux Etats-Unis. Il ne parle pas de la coupe du monde, mais admet qu’il sera difficile de maintenir un tel niveau de jeu.

En attendant l’Euro : les exemples à suivre

En 1984 et 2000, les Bleus abordent l’Euro en favoris de la compétition. Ils franchiront tous les obstacles grâce à des joueurs au sommet de leur talent et à un mental exemplaire.

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Vos commentaires

  • Le 31 juillet 2019 à 16:32, par Nhi Tran Quang En réponse à : Série d’été : c’était l’Euro 1984

    Pour moi, l’Euro 84 c’est le meilleur Euro en terme de qualité de jeu (et par la moyenne de but avec 2,73 depassé seulement par l’Euro 2000 avec 2,76) pas seulement du fait que la France ait gagné la compète, il y avait les autres équipes qui ont produit du bon jeu au cours de la compete notamment les autres demi-finalistes : Portugal, Espagne et surtout la révélation le Danemark avec la Danish Dynamite. On a eu de très bons matches notamment dans le groupe de la France (sauf peut-être le match d’ouverture) avec des demi-finales pleins de suspense.
    Et surtout même si il y a pleins de bons joueurs on retient la super prestation de Platini sur l’ensemble de la compète
    L’Euro 84, c’est le Mexico 70 de l’Euro avec son Pelé au sommet de son art, Platini.

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