Varane dans la lignée des grands défenseurs centraux des Bleus

Publié le 5 février 2023 - Bruno Colombari - 1

Pressenti pour être le futur capitaine de l’équipe de France à la suite de Lloris, Varane a préféré achever sa carrière internationale après la Coupe du monde 2022. Que vaut son bilan comparé à celui de ses huit principaux prédécesseurs ?

Cet article fait partie de la série Génération 10
4 minutes de lecture

Champion du monde 2018, finaliste 2022, vainqueur de la Ligue des Nations 2021, 93 sélections dont 62 victoires, 5 buts, 20 fois capitaine. Et un énorme palmarès en club avec le Real Madrid (quatre Ligues des Champions et autant de Coupes du monde des clubs, deux supercoupes d’Europe, trois titres de champion d’Espagne, une coupe du Roi, deux supercoupes d’Espagne).

Comment situer Raphaël dans l’histoire de l’équipe de France ? il finit à quelques encâblures des centenaires, qu’il aurait sans doute rejoint en 2023. A son poste, il est dépassé par Marcel Desailly (116) et Laurent Blanc (97) et dans une certaine mesure par Lilian Thuram (142), qui aura disputé une cinquantaine de matchs dans l’axe, tout comme Maxime Bossis (76) et Marius Trésor (65). Il compte toutefois plus de sélections que William Gallas, Robert Jonquet et Etienne Mattler.

Contrairement à tous ceux-là, et chose assez rare pour un défenseur central, Varane aura toujours joué axe droit, jamais en latéral comme Thuram, Bossis ou Gallas, en milieu défensif comme Desailly, ou en numéro dix comme Laurent Blanc à ses débuts.

De ces neuf principaux défenseurs centraux des Bleus, il est celui qui a débuté le plus tôt, avant vingt ans, et le seul aussi à avoir quitté la sélection aussi tôt, avant trente ans. Mais si sa carrière internationale est relativement brève (moins de dix ans), celle de William Gallas l’est encore plus : appelé en sélection à 25 ans et un mois en septembre 2002 (le jour où Marcel Desailly fêtait sa centième cape), il l’a quittée sept ans et neuf mois plus tard, en juin 2010. Le temps quand même d’engranger 84 sélections, dont une finale de Coupe du monde en 2006.

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Pour autant, Gallas est sans doute celui qui a le moins marqué l’histoire des Bleus parmi ces neuf-là, même si son association avec Thuram avait bien fonctionné lors de la Coupe du monde en Allemagne (trois buts encaissés en six matchs, dont un sur pénalty). Lilian Thuram est un défenseur historique pour les Bleus, mais sans doute plus pour sa période d’arrière droit, qui couvre les deux premiers tiers de sa très longue carrière internationale (près de 14 ans), que pour celle de défenseur central, où il s’installe à partir de 2003.

Laurent Blanc, le meilleur

Le plus impressionnant du lot, celui qui a été le plus constant, c’est sans doute Laurent Blanc. Lui aussi a débuté à un autre poste, celui de numéro 10, mais il a reculé en libéro à 25 ans, en 1990, et c’est là qu’il a fait l’essentiel de sa carrière en sélection. Laquelle a été plutôt décevante dans sa première moitié (élimination au premier tour de l’Euro 2012 avec sa seule défaite en phase finale, contre le Danemark, élimination par la Bulgarie de la Coupe du monde à l’automne 1993) mais a connu une progression spectaculaire alors qu’il avait passé la trentaine, avec une demi-finale d’Euro en 1996, un titre mondial en 1998 (même s’il est suspendu pour la finale) et la conquête de l’Euro 2000, à près de 35 ans.Son élégance balle au pied, sa qualité de passes, son jeu défensif debout et bien sûr ses talents de buteur (16 buts, le plus haut total pour un défenseur en équipe de France) en font le meilleur défenseur central de l’histoire.

Max Bossis, juste après

Dans le registre de l’élégance, de la qualité technique et de l’abnégation, Maxime Bossis vient juste après. Arrière gauche, et occasionnellement droit, il se reconvertit en libéro et profite de la fin de carrière de Marius Trésor pour récupérer le poste en sélection. Il va faire deux phases finales de haut niveau, en 1984 et 1986, où il est associé à Yvon Le Roux puis à Patrick Battiston. Ses aptitudes lui ont permis d’occuper les quatre postes de la ligne arrière (il a joué à droite à Séville contre l’Allemagne) et son départ en 1986 a laissé un très grand vide en défense.

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Marcel Desailly, malgré un tournoi de trop

Vient ensuite Marcel Desailly. Le Roc, comme on l’appelait à la fin des années 1990, avait d’abord évolué latéral (sans grand succès) et milieu défensif dans sa période milanaise. Il s’était d’ailleurs retrouvé à ce poste lors de la demi-finale perdue contre la République tchèque à l’Euro 1996, pour compenser le forfait de Didier Deschamps. Son duo avec Laurent Blanc a été le plus efficace de l’histoire des Bleus, mais Desailly a mal géré son capitanat après le départ de Deschamps en septembre 2000. Déjà limite à la Coupe du monde 2002, il est hors sujet à l’Euro 2004, la compétition de trop.

Raphaël Varane arriverait sans doute après, entre Desailly et Trésor. A la différence de ce dernier, il aura évolué dans des équipes beaucoup plus fortes qui n’ont connu aucun passage à vide (à la limite, l’Euro 2020), mais contrairement au premier, il n’a pas eu à ses côtés un partenaire privilégié : Presnel Kimpembe est celui qui a joué le plus souvent à sa gauche (22 fois), mais c’est peu, et le poste d’axial gauche a trop tourné (Koscielny, Sakho, Umtiti et Lenglet ont tous joué entre 10 et 17 fois avec Varane, et sept autres l’ont côtoyé entre une et cinq fois) pour que puisse se former une charnière efficace sur la durée.

Les trois premiers dans l’ordre chronologique, Etienne Mattler avant-guerre, Robert Jonquet dans les années 1950 et Marius Trésor dans la décennie 1972-1982 auront connu des périodes moins fastes pour les Bleus, même si les deux derniers ont joué une demi-finale mondiale, avec des fortunes diverses : double fracture tibia-péroné contre le Brésil pour Jonquet, et magnifique but face à la RFA pour Trésor. Mattler, lui, a disputé tous les matchs de Coupe du monde joués par la France entre 1930 et 1938, et il en a gagné trois sur sept. Mais lors du dernier, face à l’Italie à Colombes, il a été clairement dépassé par Silvio Piola, auteur d’un doublé fatal.

Cinq d’entre eux ont détenu le record de sélections

Le nombre de sélections de chacun va logiquement croissant (comme le nombre de matchs joués chaque année par les Bleus), en remarquant au passage que ces défenseurs centraux ont souvent détenu le record de capes : c’est le cas d’Etienne Mattler entre 1939 et 1955. Puis de Marius Trésor entre 1983 et 1985, suivi de Max Bossis entre 1985 et 1991. Marcel Desailly s’en empare en 2003 et le garde jusqu’en 2006, quand Lilian Thuram prend le relais et conserve le record jusqu’en 2022. Depuis Thuram, le mouvement s’est arrêté, même si Raphaël Varane était parti pour viser les 120 sélections d’ici 2026.

Blanc et Varane, trois défaites en 40 matchs de phases finales

Si on regarde les performances de ces neuf joueurs en phase finale de Coupe du monde et d’Euro, celles de Blanc et de Varane sont les plus impressionnantes : 11 victoires et une seule défaite en 18 matchs pour le premier, 14 victoires et 2 défaites (Allemagne 2014 et Tunisie 2022) sur 22 matchs pour le second. Marcel Desailly n’a perdu que 3 fois sur 22 et Lilian Thuram 4 fois sur 32. C’est d’ailleurs lui qui détient le record de victoires (18) en phase finale. Avec 14, Varane fait mieux que Desailly (13), Bossis (12) et Blanc (11). Mais ce ne sera pas suffisant pour remporter une deuxième Coupe du monde.

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2023 à 12:02, par Sebastien En réponse à : Varane dans la lignée des grands défenseurs centraux des Bleus

    En étant le leader défensif de l’équipe qui a décroché le deuxième titre mondial des bleus, il a rejoint Blanc et Desailly au panthéon du foot français. Trésor et Bossis sont, malgré leur importance historique, forcément un peu en dessous.
    Gallas, lui, malgré une belle carrière dans la génération post 98-2000, sera progressivement oublié.
    Reste qu’avec le départ de Varane, un grand chantier s’ouvre pour Deschamps au niveau de la charnière centrale, avec énormément de candidats au poste : Kimpembé, Upamecano, Konaté, Hernandez, Pavard, Koundé, Fofana, Saliba, Lenglet, Disasi, Badiashile, Kalulu...

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