Dataviz : les matchs regular, sans débutants ni partants

Publié le 22 novembre 2022 - Bruno Colombari, Hugo Colombari

Quand une équipe nationale ne comporte aucun nouveau joueur (débutant) et aucun joueur présent pour la dernière fois (partant), on peut parler de match regular. Les voici représentés dans une nouvelle dataviz, ou visualisation de données, si vous préférez.

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Si les matchs reboot sont les plus faciles à identifier sur le moment — rappelons qu’il s’agit, selon une terminologie maison, des matchs comportant au moins un international débutant —, les matchs shutdown ne peuvent être repérés qu’au bout d’un certain nombre d’années, puisqu’ils contiennent au moins un joueur dont c’est la dernière sélection.

Et ceux qui ne sont ni shutdown, ni reboot, comment les appeler ? On pourrait dire qu’il s’agit de matchs regular (habitué), puisque les joueurs qui y participent comptent tous déjà au moins une sélection et en auront d’autres par la suite. C’est un bon baromètre de la continuité d’une équipe. Les matchs reboot et shutdown sont quant à eux les témoins du niveau de rotation à l’intérieur de la sélection.

Sur le graphe ci-dessous, les matchs regular sont représentés en jaune. Pour la période récente (depuis 2010), mieux vaut ne pas tenir compte des données puisqu’on ne sait pas, parmi les joueurs qui ont participé aux quelques 125 matchs depuis la Coupe du monde en Afrique du Sud, combien parmi eux ne rejoueront plus en sélection. Lloris et Mandanda, par exemple, ont débuté avant cette période et sont toujours appelés en équipe de France.

En deçà de cette date, on peut considérer que les matchs regular sont fiables. Il est intéressant de constater comment ils se répartissent entre années paires (celles des phases finales) et années impaires (phases qualificatives). Ou entre le début et la fin de la période d’un sélectionneur.

  • Cette dataviz représente chaque match sous la forme d’un point de couleur. Au survol, retrouvez la date du match, le score, l’adversaire et le nombre de joueurs débutants ou finissants (dernière sélection).

Lemerre plus conservateur que Jacquet

A ce titre, avec 38 matchs regular (sur 79), Raymond Domenech est le sélectionneur qui a le plus souvent utilisé ce choix, en valeur absolue en tout cas. Mais pas au début (1 sur 6 en 2004) ni à la fin (2 sur 7 en 2010), et plutôt en années impaires : 7 sur 11 en 2005, 6 sur 12 en 2007 et 8 sur 13 en 2009. Lors des phases finales, c’est mitigé : 4 sur 7 à la Coupe du monde 2006 (les 3 matchs restants comportant des joueurs finissants, dont bien sûr Zidane et Barthez en finale), 1 sur 3 en 2008 et en 2010 (à chaque fois, le premier match).

Roger Lemerre a été plus conservateur qu’Aimé Jacquet : alors que les deux champions du monde 1998 comptent 53 matchs en tant que sélectionneur, le premier a dirigé 29 matchs regular contre 22 pour le second. Lemerre en a même enchaîné 10 consécutifs entre mai et août 2000.

Michel Hidalgo, qui a dirigé 75 fois les Bleus entre 1976 et 1984, compte seulement 25 matchs regular (un tiers du total). Sans surprise, ils se concentrent essentiellement sur les années 1982 (8 sur 15) et 1984 (5 sur 9), avec les phases finales de la Coupe du monde et de l’Euro. Entre son arrivée en mars 1976 et la fin de l’année 1980, on ne trouve que huit regular, sur 36 matchs ! C’est le signe d’un brassage très important : Michel Hidalgo est le sélectionneur qui a utilisé le plus de joueurs différents (89) et qui a lancé le plus de nouveaux (64).

Voir le tableau des sélectionneurs

Jusqu’en 1945, moins d’une dizaine de matchs regular

Témoins de l’intense (et dommageable) rotation de l’équipe de France d’avant-guerre, les matchs regular se comptent sur les doigts des deux mains entre 1904 et 0945 : 9 sur 162. Le tout premier est le trente-deuxième de l’histoire des Bleus, le 25 janvier 1914 à Lille contre la Belgique. Les onze Français comptent tous au moins deux sélections, et tous rejoueront au moins une fois après.

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France-Belgique 1914 à Lille, premier match regular de l’histoire des Bleus. Debout : Hanot, Devic, Chayriguès, Ducret, Barreau, Gamblin . Accroupis : Lesur, Bard, Jourde, Chandelier, Dubly.


Les matchs regular restent plutôt rares jusqu’en 1977, à une exception près : en 1958, lorsque l’équipe de France atteint le dernier carré mondial, 8 matchs sur 15 sont des regular. Dont 5 consécutifs sur les 6 joués en Suède. Albert Batteux avait enfin trouvé ce qu’on appelle une équipe-type à partir du troisième match contre l’Ecosse, et l’alignera trois fois d’affilée (Ecosse, Irlande du Nord et Brésil). Il s’agissait donc là de ce qu’on pourrait appeler des matchs jumeaux, où les mêmes titulaires sont alignés lors de plusieurs matchs consécutifs. Ce sera l’objet d’un prochain article.

L'équipe de France 1958
Brésil-France 1958 à Solna. De gauche à droite : Jonquet (masqué sur la photo), Abbes, Kopa, Piantoni, Wisniewski, Penverne, Vincent, Marcel, Lerond et Kaelbel.

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