Mise à jour d’un article initialement paru en septembre 2018. Lire la partie portant sur les matchs de phase finale : Ce qui se passe après l’ouverture du score en phase finale et celle sur l’ensemble des matchs depuis 1904 Ce qui se passe après l’ouverture du score depuis 1904
Depuis quelques saisons, il y a comme une impression récurrente : celle que les Bleus ouvrent souvent le score, mais qu’ils peinent à marquer un deuxième but qui leur permettrait de « tuer » le match.
En 2018 par exemple, c’était le cas contre les Pays-Bas, la Croatie, l’Argentine, l’Australie et les Pays-Bas, qui ont égalisé avant de s’incliner, alors que face à la Belgique, au Pérou ou à l’Uruguay en novembre, le score est resté bloqué à 1-0, laissant les Bleus sous la menace d’une égalisation tardive.
Pour en avoir le cœur net, et parce qu’il faut être prudent avec les impressions, j’ai décortiqué les 139 matchs depuis août 2012, date des débuts de Didier Deschamps au poste de sélectionneur. Et j’ai tenté de représenter l’évolution des scores (pour le premier et pour le deuxième but) sous la forme d’une arborescence.
Que constate-t-on ? Sur les 139 matchs, il y en a 11 où le score n’a pas été ouvert. Ce sont bien entendu les 0-0. A noter qu’ils représentent près de la moitié des 28 nuls de la période.
86 fois sur 128, les Bleus marquent les premiers
Restent 128 rencontres comptant au moins un but. Sur ce total, l’équipe de France a ouvert le score 86 fois (67% environ) et son adversaire 42 fois (32%). Donc, une fois mis de côté les 0-0, les Bleus marquent en premier sept fois sur dix. Impression confirmée.

Que se passe-t-il maintenant quand l’équipe de France a ouvert le score ? Trois hypothèses : tout d’abord, on en reste là, victoire 1-0. C’est arrivé 14 fois. Ensuite, les Bleus marquent à nouveau et mènent 2-0. C’est arrivé 51 fois. Enfin, l’adversaire égalise à 1-1, ce qu’on a vu 21 fois.
Quand ils mènent 2-0, les Bleus ont-ils match gagné ? Presque toujours. En tout cas, il n’y a jamais de nul : 50 victoires et une seule défaite (contre la Colombie en mars 2018).
Si on se résume, quand ils marquent en premier, les Bleus doublent la mise dans 59% des cas. Dans 16%, ils s’en tiennent là et gagnent 1-0. Le reste (24% des cas), l’adversaire égalise. C’est donc assez peu fréquent.
L’adversaire gagne 14 fois sur 31 quand il ouvre le score
Voyons ce qui se passe quand, après avoir mené, les Français sont rejoints au score. Sur 21 fois, ils gagnent plus de la moitié des matchs (11) et ne perdent que quatre fois (trois fois 1-2 et une fois 1-3). Les six nuls restants se partagent entre cinq 1-1 et un seul 2-2 (l’Allemagne-France de 2017, avec une égalisation allemande dans les dernières secondes du temps additionnel).
Autrement dit, quand les Bleus marquent les premiers, ils gagnent 75 fois sur 86, pour 6 nuls et 5 défaites, la dernière face au Danemark en juin 2022.
Et si ce sont eux qui encaissent le premier but, que se passe-t-il ? C’est arrivé 42 fois, et dans 8 cas, le score est resté à 0-1. Il est plutôt rare que l’équipe de France concède ensuite un deuxième but dans la foulée (12 fois sur 34), mais là, c’est presque toujours fatal, avec sept 0-2 (Ukraine 2013, Angleterre 2015, Espagne 1017, Pays-Bas 2018, Turquie 2019, Finlande 2020 et Danemark 2022), un 0-3 (Brésil 2013) et un 3-4 après avoir été mené 0-3 (Belgique 2015). Et seulement deux nuls, un 2-2 (Islande 2018) et le 3-3 contre l’Argentine en finale de la Coupe du monde 2022.
Si les Bleus égalisent, bizarrement ils font mieux que lorsque c’est l’adversaire qui revient à leur hauteur : treize victoires qui sont autant de renversements de score (dont un 4-1 contre la Bulgarie en 2016 et un 4-2 en Biélorussie en 2013) et neuf nuls, dont les trois de l’Euro 2020 contre le Portugal, la Hongrie et la Suisse.

Celui qui marque le premier l’emporte 7 fois sur 10
En résumé, en 139 matchs, les Bleus ont gagné quasiment aussi souvent (89 fois) qu’ils ont ouvert le score (86), même si les deux statistiques ne se chevauchent qu’en partie. Et l’importance du premier but est évidente, comme toujours dans le football moderne : celui qui marque d’abord l’emporte 92 fois sur 128 (72% des cas) et ne perd que 19 fois (15%). Un point intéressant à retenir est le très faible nombre de matchs nuls une fois le score ouvert : seulement 17 en 128 rencontres (11%).
L’équipe qui mène 2-0 a quasiment toujours match gagné : 59 fois sur 63 (94%). Et quand une équipe égalise à 1-1, c’est logiquement équilibré : 17 victoires sur 43 (39%) pour 11 défaites (25%) et 15 nuls (16%).
Pour synthétiser toutes ces informations en un coup d’œil, voici une arborescence. Elle se lit de la façon suivante : sont détaillés pour l’ensemble des 139 matchs les victoires de la France (en bleu), les nuls (en gris) et les défaites (en rouge).
Pour chaque score, le chiffre au-dessus indique le nombre de matchs terminés sur ce résultat : pour les 0-0 c’est 11, pour les 1-0 c’est 14, pour les 0-1 c’est 8.
Les traits orange orientent vers les différents cas, avec pour chacun les statistiques de tout ce qu’il y a à côté et en dessous. Par exemple, les Bleus ont mené 86 fois 1-0, et dans ce cas, ils ont gagné 75 fois. A l’inverse, ils ont été menés 42 fois 0-1 et ont perdu 17 fois.
Au-delà du deuxième but du match, l’arborescence s’arrête, mais les scores des rencontres à trois buts ou plus sont indiquées en dessous.
