Histoires olympiques : RDA-France 1976, Platini face à un mur

Publié le 30 avril 2024 - Richard Coudrais

Lors des Jeux olympiques de 1976, l’équipe de France tombe en quarts de finale face à une belle équipe de RDA, futur vainqueur du tournoi.

3 minutes de lecture

A l’occasion des Jeux de Montréal, en 1976, le football français honore sa dixième présence au sein du rendez-vous olympique [1]. La sélection française, dirigée par Gaby Robert, s’est qualifiée en dominant les Pays-Bas puis la Roumanie. Elle est principalement composée de stagiaires issus des premiers centres de formations des clubs professionnels.

Stagiaires pro

Le plus fameux d’entre eux n’est autre que Michel Platini, 21 ans, qui compte déjà deux sélections chez les A [2]. Le règlement olympique exige que les joueurs soient amateurs et acceptent de fait ceux qui n’ont pas encore signé leur premier contrat pro. Les autres joueurs ont pour noms Olivier Rouyer et Paco Rubio (Nancy), Bruno Baronchelli, Loïc Amisse et Eric Pécout (Nantes), Patrick Battiston (Metz), Henri Zambelli (Nice), Jean Fernandez (Marseille), Jean-Marc Schaer (Saint-Etienne)... Ils feront tous une belle carrière professionnelle, pour certains agrémentée de bleu.

L’aventure olympique de nos jeunes Bleus commence au Landsowne Park d’Ottawa devant plus de 14.000 spectateurs. Il s’agit d’un départ en fanfare, car les Tricolores s’imposent 4-1 face au Mexique, une performance qui rappelle inévitablement l’exploit du stade Azteca aux Jeux de 1968. Les buteurs français ont pour noms Schaer, Baronchelli, Rubio et Amisse.

L’équipe de Gaby Robert est tombée dans le seul groupe du premier tour comptant quatre équipes. Treize pays seulement participent au tournoi, le Nigeria, le Ghana et la Zambie s’étant retirés quelques jours avant le début pour suivre le boycott des pays africains. Ceux-ci se sont en effet retiré pour contester la présence aux Jeux de la Nouvelle-Zélande, coupable d’avoir envoyé son équipe de rugby faire une tournée en Afrique du Sud, pays mis au ban pour son régime d’apartheid.


 

Trois buts de Platini

Le deuxième match des Bleus se déroule au Stade municipal de Sherbrooke où ils sont opposés au Guatemala. Face à un adversaire de faible calibre, les Français déroulent et appliquent le même score que contre les Mexicains (4-1). Platini inscrit les deux premiers buts, suivi par Amisse et Schaer.

Le troisième match des Français se déroule au stade olympique de Montréal, le stade principal des Jeux. Assurés de leur qualification, les hommes de Gaby Robert font match nul (1-1) contre Israël, Platini répondant sur penalty à l’ouverture du score de Vicky Peretz, futur joueur du championnat de France [3].

L’équipe de France est qualifiée pour le cinquième quart de finale de son histoire olympique. Elle retourne à Ottawa où l’attend un adversaire redoutable, la RDA. Comme toutes les nations d’Europe de l’Est, cette sélection est-allemande évolue avec les meilleurs joueurs du pays. Le statut d’athlète d’Etat alors en vigueur dans les pays de l’Est échappe aux critères de professionnalisme imposés par le CIO. Ces joueurs sont pourtant biens rémunérés pour jouer au football, mais leur statut militaire leur permet d’être considérés comme amateurs.

Le drame de l’équipe de France est qu’elle tombe cette année-là sur l’une des plus belles générations du football est-allemand. Celle-ci a participé à sa première Coupe du monde deux ans plus tôt, un parcours marqué par une victoire historique face à la RFA de Franz Beckenbauer et Gerd Muller.

A l’Est, rien de nouveau

A Ottawa, face aux Français, les Allemands de l’Est font une démonstration de leur supériorité. À la demi-heure, l’attaquant Wolfram Löwe se faufile dans la défense tricolore et bat Jean-Claude Larrieu d’un tir à bout portant. Peu avant la mi-temps, Platini envoie un coup franc vers la lucarne, mais le gardien allemand Jürgen Croy parvient à détourner la trajectoire du ballon.

Tout bascule en deuxième période, à l’heure de jeu, quand l’arbitre Alberto Michelotti accorde un penalty aux Allemands de l’Est pour une faute d’Alexandre Stassievitch. L’italien croit bon d’en rajouter un peu, en adressant un carton rouge à Paco Rubio puis à Jean Fernandez ! Menés de deux buts et réduits à neuf, face à une équipe qui s’était montrée plus forte auparavant, c’est la fin de l’aventure pour les jeunes Tricolores. Un nouveau penalty est accordé aux joueurs est-allemands (les deux ont été transformés par Hans-Jürgen Dörner), avant que Hans-Jürgen Riediger ne conclue la rencontre en inscrivant le quatrième but (4-0).

La déception est vive mais les Tricolores, même si l’arbitrage ne leur a pas été favorable, admettront qu’ils sont tombés sur plus fort qu’eux. Cette magnifique équipe de RDA, au jeu vif et offensif, poursuivra son chemin en écartant l’URSS d’Oleg Blokhine en demi-finale (2-1) puis en battant le tenant du titre polonais en finale au stade olympique (3-1). Ce sera le seul titre de l’histoire de la sélection est-allemande, qui disparaîtra en 1990.

Ottawa, Landsowne Park, le 25 juillet 1976
RDA bat France olympique 4-0
Buts : Loewe (27’), Dorner (60’ pen 68’ pen), Riediger (77’)
R.D.A. : Croy (Grapenthin) - Schade, Dorner, Weise, Kurbjuweit - Kische, Lauck, Heidler - Hafner, Lowe (Riediger), Hoffmann.
FRANCE : Larrieu - Chazottes, Meynieu, Pottier , Stassievitch - Fernandez, Platini, Rubio - Amisse (66’ Cougé), Rouyer, Schaer (66’ Pécout).
Arbitre : Alberto Michelotti (Italie)
20 083 spectateurs.

Les joueurs

Parmi les 17 joueurs qui ont fait partie du groupe présent aux Jeux de Montréal, sept connaitront l’équipe de France A au cours de leur carrière : Michel Platini, bien entendu (72 sélections, 41 buts), Patrick Battiston (56 sélections, 3 buts), Olivier Rouyer (17 sélections, 2 buts), Loïc Amisse (12 sélections, 2 buts), Bruno Baronchelli (6 sélections, 1 but), Eric Pécout (5 sélections, 1 but) et Francis Meynieu (1 sélection avant les JO). Henri Zambelli sera convoqué 4 fois, mais n’entrera jamais en jeu. Il apparaitra toutefois à Belo Horizonte contre l’Atletico Mineiro lors de la tournée de juin 1977.

[1Le décompte inclut les Jeux de 1900 à ceux de 1908, 1920, 1924, 1928, 1948, 1952, 1960, 1968 et 1976

[2Parmi les autres joueurs, seuls le défenseur bordelais Francis Meynieu compte alors une sélection A

[3On retrouvera Vicky Peretz à Strasbourg (1980-1982) et au Stade Rennais (1982-1983)

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