Hampden Park, un stade dans l’histoire des Bleus

Publié le 26 août 2020 - Richard Coudrais

C’est à Hampden Park, à Glasgow, que l’équipe de France a connu la plus grande affluence de son histoire. Le stade national écossais évoque toutefois peu de bons souvenirs à l’équipe de France. Tout comme au football français dans son ensemble.

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Si Edimbourg est la capitale de l’Écosse, Glasgow en est le coeur sur le plan économique, financier, culturel et… footballistique. La rivalité entre ses deux clubs phares, les Rangers et le Celtic, dépassent largement le cadre du ballon rond au point que leur opposition reste le derby le plus suivi de la planète football.

Les deux clubs possèdent chacun leur propre stade, Ibrox et le Celtic Park, tandis que la sélection écossaise dispose du sien, Hampden Park, l’un des stades les plus prestigieux du monde. Celui-ci accueillera d’ailleurs quatre rencontres de l’Euro 2021, peut-être deux du onze écossais si celui-ci parvient à passer le cap des barrages.

Il n’y a par contre aucune chance que l’équipe de France vienne disputer une rencontre de l’Euro 2021 à Hampden. Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose puisque ce stade lui a rarement réussi.

Les trois Hampden

Le stade d’Hampden Park, c’est avant tout l’histoire d’un club mythique, le Queen’s Park Football Club, premier club fondé en Écosse (1867), membre fondateur de la Scottish Football Association, seul club écossais à avoir disputé la finale de la FA Cup d’Angleterre, et enfin pourvoyeur de l’ensemble des joueurs de l’équipe d’Écosse lors du tout premier match international de l’histoire du football, le Écosse-Angleterre du 30 novembre 1872 disputé au Hamilton Crescent de Glasgow devant 3000 spectateurs.

A partir de 1873, Queen’s Park FC élit domicile sur un terrain nommé Hampden Park, mais il ne s’agit pas du stade que nous connaissons aujourd’hui. L’endroit est un parc portant le nom de John Hampden (1594-1643), membre du parlement d’Angleterre et farouche opposant à la Couronne. La finale de la Coupe d’Écosse y est disputée en 1874, ainsi qu’un match Écosse-Angleterre en 1878.

En 1883, le club est contraint de déménager en raison d’un projet de chemin de fer qui doit couper le parc. Il se rend sur un terrain tout proche qu’il baptise… Hampden Park. Ouvert en 1884, le stade accueille également quelques finales de la Scottish Cup et les rencontres annuelles entre Écosse et Angleterre. Lorsqu’il propose d’agrandir son stade, le club se voit signifier un refus. Il se lance alors dans la construction d’un nouveau stade quelques miles plus loin.

Celui-ci est inauguré en 1903 et a pour nom… Hampden Park. Conçu par l’architecte Archibald Leitch, le stade peut accueillir 149 415 spectateurs dans des conditions de sécurité optimales. En effet, le sujet prend une importance capitale durant les travaux. Une catastrophe a eu lieu au stade Ibrox qui a provoqué la mort de 25 personnes lorsque le bois d’une tribune avait cédé sous le poids des spectateurs. La construction du nouveau stade de Queen’s Park a donc été influencé par ce drame.

Lorsqu’il est inauguré le 31 octobre 1903 avec un Queen’s Park - Celtic du championnat écossais, Hampden Park, troisième du nom, est le plus grand stade du monde. Il le restera jusqu’à l’émergence du Maracanã en 1950.

Les poteaux carrés et la volée de Zizou

La finale de la Scottish Cup s’installe en 1904 suivi du traditionnel Écosse-Angleterre en 1906. Hampden Park gagne en popularité pour son fameux Hampden roar, une ambiance composée de cris et de chants, dont le volume sonore impressionne les visiteurs. Il est le stade de la finale de la cinquième Coupe d’Europe d’Europe des Clubs en 1960, sans doute la plus incroyable de l’histoire où le Real Madrid surclassa l’Eintracht de Francfort (7-3) devant 130 000 spectateurs.

Hampden Park a acceuilli deux autres finales de la Coupe des Clubs Champions et non des moindres. En 1976, l’AS Saint-Etienne percute ses poteaux carrés et laisse la victoire filer au Bayern Munich. En 2002, le Real remporte une nouvelle Coupe d’Europe grâce à une sensationnelle reprise de volée de Zinédine Zidane.

Tout au long de son histoire, Hampden Park a connu d’importantes rénovations. Notamment dans les années 1990 où suite aux drames du Heysel et d’Hillsborough, le rapport Taylor a commandé de supprimer les places debout. Depuis 1999, le stade dispose de 52 063 places.

Il est longtemps resté la propriété du Queen’s Park FC, un club tombé dans les sous-divisions du foot écossais, mais dont la location du stade demeure une intéressante entrée d’argent. Ce n’est qu’en août 2020 que la SFA, fédération écossaise, en devient propriétaire.

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Un enfer pour les Bleus

C’est le 27 avril 1949 que l’équipe de France découvre Hampden Park, à l’occasion d’un match amical face à l’Écosse disputé devant 125 631 spectateurs, la plus grosse affluence de l’histoire des Bleus (laquelle ne sera plus jamais battue à moins que l’on se mettre à reconstruire des enceintes géantes). René Vignal, le gardien tricolore, repousse un penalty de George Young mais ne peux éviter les deux buts de William Steel qui entérine la défaite (2-0) des Français. Le gardien du RC Paris reste le héros de la partie et se voit attribuer par les Ecossais un surnom qui fera sa légende : the flying frenchman.

Deux ans plus tard ou presque, le 16 mai 1951, les Tricolores concèdent une nouvelle défaite (1-0) en dépit d’un bon match. Le gardien Stéphane Dakowski, pour sa première sélection, encaisse un seul but, inscrit par Lawrie Reilly, dans le dernier quart d’heure.

Entre 1948 et 1951, les sélections écossaises et françaises avaient commencé à prendre l’habitude de se rencontrer une fois l’an chez l’un ou chez l’autre, mais cette petite tradition a rapidement pris fin. C’est pourquoi il faudra attendre pas moins de trente-huit ans pour revoir l’équipe de France à Hampden Park.

Ce 8 mars 1989, l’équipe du sélectionneur Michel Platini joue face à celle d’Andy Roxburgh sa dernière chance de participer à la Coupe du Monde 1990. Mais dans l’enfer du stade écossais, Joël Bats concède deux buts de Maurice Johnston, alors attaquant du FC Nantes.


 

Hampden Park n’est donc pas un stade qui réussit à l’équipe de France. Ce n’est qu’en l’an 2000, alors qu’elle est championne du monde en titre, qu’elle parvient à s’imposer enfin à Glasgow. L’époque est en effet propice aux Tricolores pour régler quelques comptes avec l’Histoire. Sylvain Wiltord est le premier international français à marquer à Hampden Park. Il sera imité par Thierry Henry (2-0).

Ce n’est qu’une parenthèse enchantée. Six ans plus tard, à l’occasion des éliminatoires de l’Euro 2008, les Bleus retrouvent l’enfer d’Hampden Park où ils sont sérieusement bousculés par une sélection écossaise qui porte toujours haut les valeurs du fighting spirit. Les hommes de Walter Smith s’imposent 1-0 face à ceux de Raymond Domenech, but de Caldwell en milieu de deuxième mi-temps.

dategenreadversairescoreaffluence
27/04/1949 Amical Écosse 0-2 125 631
16/05/1951 Amical Écosse 0-1 75 394
08/03/1989 Qualif Coupe du Monde Écosse 0-2 65 204
29/03/2000 Amical Écosse 2-0 48 157
07/10/2006 Qualif Euro 2008 Écosse 0-1 50 456

L’équipe de France a donc joué cinq matchs à Hampden Park et n’en a remporté qu’un seul. Neuf Tricolores y ont connu deux sélections : quatre de la génération 1949-1951 (Jean Baratte, Antoine Cuissard, Robert Jonquet et Roger Marche), quatre de la période 2000-2006 (Lilian Thuram, Patrick Vieira, Thierry Henry et Sylvain Wiltord) et enfin un qui a connu deux fois Hampden en onze années d’intervalle, Laurent Blanc (1989 et 2000).

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