Sélectionneurs, une vie après les Bleus

Publié le 28 décembre 2020 - Bruno Colombari

L’annonce de l’arrivée surprise de Raymond Domenech sur le banc du FC Nantes, quelques jours après la signature de Laurent Blanc à Al-Rayyan donne l’occasion de revenir sur les parcours des ex-sélectionneurs.

4 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en juin 2013.


Qui aurait pensé il y a encore quelques semaines que le futur entraîneur du FC Nantes serait Raymond Domenech ? A 69 ans, le sélectionneur des Bleus (2004-2010) tente un ultime pari pour le moins risqué. C’est l’ultime soubresaut d’une année 2020 qui aura vu Laurent Blanc, 55 ans, signer chez les Qataris d’Al-Rayyan (avec la sélection pour 2022 en ligne de mire) et, plus triste, les disparitions de Michel Hidalgo et Gérard Houllier.

En s’offrant un ex-sélectionneur des Bleus, les dirigeants nantais ont-ils fait une bonne affaire ? Il faudra attendre quelques mois pour le savoir, mais ce ne sont pas les premiers à faire signer un ancien coach de l’équipe de France. Avant Domenech, Just Fontaine, Henri Michel et Laurent Blanc avaient déjà rejoint le PSG après leur mandat de sélectionneur, alors que Lyon avait embauché Gérard Houllier et Auxerre Jacques Santini. Pour autant, bien d’autres choix sont possibles. Les voici.

La filière DTN : Boulogne, Hidalgo, Michel, Houllier, Jacquet

C’est le cursus classique pour un sélectionneur, d’autant que le poste de directeur technique national est parfois cumulé avec le premier. Ainsi, Georges Boulogne est sélectionneur de 1968 à 1973, et DTN de 1970 à 1982. Logiquement, il est remplacé par le sélectionneur en fonction, Michel Hidalgo, qui cumule les deux postes entre 1982 et 1984 et qui reste directeur technique national jusqu’en 1986. Henri Michel, qui a remplacé Hidalgo sur le banc, devient à son tour DTN après avoir été dessaisi de la sélection nationale en 1988, jusqu’en 1990. Gérard Houiller le remplace en 1989, et restera DTN jusqu’en 1998, bien plus longtemps que son mandat de sélectionneur en 1992-1993. Il retrouvera d’ailleurs le poste de DTN entre 2007 et 2010. Enfin, Aimé Jacquet sera nommé directeur technique national après le titre mondial de 1998, jusqu’en 2006. C’est à ce jour le dernier sélectionneur devenu DTN.

La filière sélectionneur à l’étranger : Kovacs, Michel, Lemerre

Entraîneur roumain prestigieux, Stefan Kovacs a logiquement pris en main la sélection roumaine de 1976 à 1981, après avoir cédé sa place chez les Bleus à Michel Hidalgo. A l’inverse, Just Fontaine, éphémère sélectionneur des Bleus pour deux matchs en 1967, a dirigé la sélection marocaine entre 1979 et 1981. Plus récemment, Roger Lemerre a signé un long bail avec la sélection tunisienne, de 2002 à 2008, avant de prendre en main plus brièvement le Maroc (2008-2009). Mais c’est incontestablement Henri Michel qui a endossé le costume de globe-trotter. Outre sa proliférante carrière d’entraîneur de clubs (voir plus bas), l’ex-joueur du FC Nantes a dirigé le Cameroun (1994), le Maroc deux fois (1995-2000 puis 2007-2008), les Emirats arabes unis (2000-2001), la Tunisie (2001-2002), la Côte d’Ivoire (2004-2006), la Guinée Equatoriale (2010-2011) et le Kenya (2012). Excusez du peu.

La filière entraîneur de club : Michel, Houllier, Santini

Si Jacques Santini a été le seul sélectionneur à rejoindre directement un club après l’équipe de France (en l’occurrence même avant, puisqu’il avait signé à Tottenham avant l’Euro 2004), d’autres avaient pris le même chemin, par des voies détournées. Ainsi, Henri Michel a-t-il entraîné le PSG en 1990-91 après son mandat à la DTN, point de départ d’une carrière digne du guide du routard : direction l’Arabie Saoudite avec Al Nasr Riyad (1995), crochet par la Grèce avec l’Aris Salonique (2001), détour au Maroc avec le Raja Casablanca (2003-2004 puis 2010), destination le Qatar avec Doha (2006), retour en Afrique avec le Zamalek Le Caire (2007 puis 2009), et cap vers l’Afrique du Sud avec le Mamelodi Sundowns (2008-2009).

A côté de ça, les deux piges de Roger Lemerre en Turquie (Ankara, 2009-2010) et en Algérie (Constantine, 2012-2013) font un peu amateur, sans parler des échecs successifs de Jacques Santini, qui n’a fait que passer à Tottenham (2004) et Auxerre (2005-2006) avant de devenir l’adjoint de Jean-Guy Wallemme à Lens (2010-2011) !

Aucun de ces trois-là n’arrivent à la cheville de Gérard Houllier, qui, après avoir été champion de France avec le PSG en 1986 a copieusement garni son palmarès d’entraîneur à Liverpool (1998-2004, dont une Coupe UEFA) et à Lyon (2005-2007, deux titres de champion), sans oublier un bref passage à Aston Villa (2010-2011). Le seul qui peut s’assoir à sa table, mais sans titre européen, c’est Laurent Blanc, qui a entraîné le PSG de l’ère QSI pendant trois saisons (un record) avec à la clé onze trophées nationaux, auxquels il faut ajouter ceux glanés avec Bordeaux entre 2007 et 2010 (quatre). Un bilan quasi parfait entaché par des parcours européens décevants (quatre éliminations en quart de finale en 2009, 2014, 2015 et 2016).

La filière président de la World Company : Platini

Le triple ballon d’or étant célèbre pour d’autres qualités que la modestie, il était évident qu’après son passage (oubliable) au poste de sélectionneur des Bleus, Michel Platini ne redescendrait pas les échelons. Nommé au comité d’organisation du Mondial 98, il était dans la tribune officielle au moment de la remise de la coupe du monde à Deschamps. Après un passage à la FIFA en tant que conseiller de son futur ennemi Sepp Blatter, il intègre le comité exécutif de l’UEFA (en plus de celui de la FIFA) et se fait élire triomphalement président en 2007, son mandat étant prolongé (seul candidat) en 2011. Sa carrière politique est violemment stoppée en 2016, alors qu’il envisageait de se présenter à la présidence de la FIFA.

La filière oubliez-moi un peu : Domenech

C’est celle qu’avait retenue le sélectionneur des vice-champions du monde 2006, sans activité autre que celle de vague consultant depuis l’été 2010, avec pige chez les poussins (U11) de Boulogne-Billancourt, écriture d’un (bon) livre de souvenirs et présence régulière sur le plateau de l’équipe d’Estelle. Mieux vaut ça que la prison avec sursis écopée par Michel Hidalgo en 1997 dans l’affaire des comptes de l’OM, mais c’est moins glorieux que le poste de ministre des sports que Laurent Fabius avait proposé à l’été 1984 au même Michel Hidalgo (qui a mis trop de temps à se décider).

Autres fins de carrière originale, celle de Gérard Houllier, qui a rejoint en 2012 le groupe Red Bull au titre de directeur sportif mondial (jusqu’en 2016), ou celle de Jacques Santini, manager général de Paris FC, club de National en 2013-2014.

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