Comment redémarrer après une grande Coupe du monde ?

Publié le 6 mars 2023 - Bruno Colombari

96 jours après la finale contre l’Argentine, les Bleus vont retrouver les Pays-Bas au Stade de France. Comment se sont passées les six précédentes reprises qui ont suivi une Coupe du monde terminée dans le dernier carré ?

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En seize participations à la Coupe du monde, l’équipe de France s’est constituée un superbe palmarès avec quatre finales jouées (dont deux gagnées) et trois demi-finales perdues. Le 24 mars prochain, contre les Pays-Bas au Stade de France en ouverture des qualifications pour l’Euro 2024, ce sera donc la septième fois que les Bleus redémarreront après une Coupe du monde accomplie.

Cas particulier : ce sera la première fois que ce redémarrage aura lieu en cours de saison, et pas la même année : précédemment, les phases finales de Coupe du monde se terminaient fin juin ou dans la première quinzaine de juillet, et la reprise des Bleus avait lieu entre la deuxième quinzaine d’août et début septembre, avec une exception en 1958 (le 1er octobre).

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Si l’intervalle de jours entre le dernier match des Bleus lors d’une Coupe du monde terminée dans le dernier carré et le premier match suivant sera logiquement maximal cette année, c’est de peu, puisqu’en 1958, l’épopée suédoise terminée le 28 juin à Göteborg a été suivie par la réception de la Grèce au Parc le 1er octobre, donc 95 jours plus tard. Et c’était déjà pour une qualification en Coupe d’Europe des Nations, la toute première du genre. Les Tricolores l’avaient emporté 7-1 sur leur lancée mondiale, avec trois doublés de Fontaine, Vincent et Cisowski après l’ouverture du score de Kopa.

Une dérouillée contre la Pologne sans lendemain

Le suivant arrivera 24 ans plus tard, le 31 août 1982, et il aura une double caractéristique : ce France-Pologne amical, premier match de préparation à l’Euro 1984 organisé par la France, avait été conclu avant la Coupe du monde, que les Bleus ont terminé le 10 juillet à Alicante, contre la Pologne. On prend les mêmes et on recommence 52 jours plus tard, mais il n’y aura pas de revanche pour les Français, battus en Espagne pour la troisième place (2-3) : cette fois c’est une raclée (0-4) avec trois buts en sept minutes juste après l’heure de jeu, pour la neuvième et dernière sélection d’Ettori. C’est la dernière fois, à ce jour, que l’équipe de France perd un match par quatre buts d’écart.


 

L’intervalle de temps est le même en 1986 quand les Bleus préparent la phase qualificative de l’Euro 1988 par un déplacement à Lausanne contre la Suisse. Bossis, Giresse et Rocheteau ont mis un terme à leur carrière internationale et, comme toujours pour ces amicaux d’août, les forfaits sont nombreux (sept, donc Fernandez, Tigana, Platini et Touré). Henri Michel aligne pour la première fois Basile Boli et associe devant Buscher et Stopyra. Ça ne fonctionne pas et les Suisses l’emportent à l’entrée du dernier quart d’heure (2-0).

En 1998, le seul changement de sélectionneur

Pour la première fois (et la seule) dans cette série de sept matchs, le sélectionneur n’est pas celui qui a terminé la Coupe du monde précédente. Aimé Jacquet est parti, et il a été remplacé par son adjoint Roger Lemerre. Contre l’Autriche à Vienne en amical, les Bleus ne portent pas encore l’étoile (ce sera lors du match suivant en Islande) mais avec Tony Vairelles (débutant) et Lilian Laslandes (deuxième sélection) devant, ils peinent, sont menés et reviennent à six minutes de la fin (2-2). C’est l’intervalle le plus court entre une finale et un match de reprise (38 jours).

L’été 2006 aura lui aussi été très court pour les finalistes de la Coupe du monde, puisque seulement 38 jours séparent le match contre l’Italie à Berlin et celui face à la Bosnie à Sarajevo. Domenech est toujours sélectionneur, mais Zidane et Barthez ont quitté la sélection. On s’oriente vers un match nul sans relief (Gallas ayant répondu avant la mi-temps à l’ouverture du score de Barbarez) quand Julien Faubert remplace Franck Ribéry. Le Bordelais étrenne pour sa première sélection le numéro 10 de Zidane et il marque le but victorieux dans le temps additionnel (2-1). On ne le reverra plus en sélection, même s’il fera un passage surprise au Real Madrid début 2009.


 

En 2018, deux étoiles et un insigne sur le maillot

Le match de reprise le plus prestigieux à ce jour est sûrement celui disputé à Munich contre l’Allemagne le 6 septembre 2018, 53 jours après le deuxième titre mondial conquis à Moscou. La Mannschaft n’est pas au mieux et les Bleus arrivent en conquérants pour leur premier match de Ligue des Nations, avec sur leur maillot les deux étoiles et l’insigne de champion du monde. Il ne manque que Lloris, ce qui donne à Alphonse Aréola l’occasion de faire ses débuts en sélection, et il les fait bien, sauvant le nul (0-0) à lui tout seul avec six arrêts décisifs. Une performance qu’il n’aura guère l’occasion de confirmer : quatre ans et demi plus tard, il ne compte toujours que cinq sélections.

Un bilan mitigé qui n’augure en rien de ce qui va suivre

C’est un bilan très équilibré avec deux victoires, deux nuls et deux défaites, onze buts marqués pour dix encaissés. Deux de ces six matchs ont été disputés à domicile (les deux premiers) et quatre en amical. Les deux en compétition ont été l’occasion d’inaugurer la Coupe d’Europe des Nations (première édition en juillet 1960) et la Ligue des Nations (premier carré final en juin 2019).

Si on regarde maintenant dans quelle mesure ce match de reprise est représentatif de la saison à venir, le fait est qu’il n’y a pas de corrélation. En 1958-1959, le 7-1 contre la Grèce est suivi d’une victoire à l’extérieur, à Vienne (2-1) puis de quatre matchs nuls contre la RFA, l’Italie, la Belgique (2-2 à chaque fois) et d’un nul à Athènes face à la Grèce (1-1). En 1982-83, les Bleus ne jouent que des matchs amicaux et n’en perdent aucun : victoires contre la Hongrie (1-0), aux Pays-Bas (2-1), au Portugal (3-0) et contre la Yougoslavie (4-0) et nul face à l’URSS (1-1). Le 0-4 devant la Pologne était bien un accident.

En 1986, en revanche, la défaite à Lausanne inaugure une saison sinistre, où les Bleus sont surclassés au Parc par l’URSS (0-2) et vont chercher deux 0-0 stériles en Islande et en RDA. Ils finissent quand même par marquer face à l’Islande fin avril 1987 (2-0) pour le tout dernier match en sélection de Michel Platini, mais on ne le sait pas encore. Et la saison se finit dans la boue d’Oslo contre la Norvège (0-2).

La saison 1998-99 sera beaucoup plus compliquée qu’imaginé. Après un nul en Islande (1-1), les Bleus enchaînent deux victoires à Moscou contre la Russie (3-2) et à Saint-Denis face à Andorre (2-0). Puis ils signent deux victoires début 1999 contre le Maroc (1-0) et à Wembley devant l’Angleterre (2-0), succès historique. Mais ils piochent à domicile devant l’Ukraine (0-0) et face à la Russie (2-3), première défaite au Stade de France. Et ils inquiètent lors de deux victoires poussives devant l’Arménie (2-0) et à Barcelone face à Andorre (1-0).

L’après Coupe du monde 2006 aura été contrasté. Bien partis dans les qualifications à l’Euro 2008 avec trois succès en Géorgie (3-0), contre l’Italie (3-1) et face aux Féroé à Sochaux (5-0), les Bleus perdent à Glasgow contre l’Ecosse (0-1) puis contre l’Argentine (0-1) l’Argentine au SdF, après y avoir battu la Grèce (1-0). Puis ils enchaînent trois victoires en qualifications en Lituanie (1-0), contre l’Ukraine (2-0) et la Géorgie (1-0). Entre temps, Nasri et Benzema ont fait leurs débuts face à l’Autriche (1-0).


 

Un peu comme en 1998, la saison 2018-2019 des champions du monde aura été sur courant alternatif. Vainqueurs de l’Allemagne et des Pays-Bas en Ligue des Nations (2-1 à chaque fois), ils s’inclinent nettement à Rotterdam (0-2) et manquent donc la qualification pour le carré final. Puis, après un dernier succès en amical contre l’Uruguay (1-0), ils entament bien les qualifications pour l’Euro 2020 en dominant largement la Moldavie (4-1) et l’Islande (4-0), de même qu’Andorre en juin (4-0). Mais ils chutent encore, à Konya contre la Turquie (0-2) après avoir été surclassés en première période. A noter aussi deux amicaux contre l’Islande en octobre (2-2) et face à la Bolivie en juin (2-0).

En 2023, le match de reprise à fort enjeu contre les Pays-Bas, principal adversaire dans la course aux qualifications pour l’Euro 2024, dira si les Bleus ont bien digéré l’échec en finale contre l’Argentine. Mais il ne sera pas décisif : le deuxième de chaque groupe sera qualifié directement sans avoir à passer par des barrages. Ce sera donc plutôt face aux Irlandais, aux Grecs et à Gibraltar qu’il faudra faire le plein de points.

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