
La question : marquer quatre buts et perdre, c’est déjà arrivé ?
Les Bleus avaient déjà laissé une trace dans l’histoire en étant la première équipe à perdre une Coupe du monde en marquant trois buts (et Kylian Mbappé le premier à échoué après avoir signé un triplé). Inscrire quatre buts et perdre quand même, c’est original aussi, mais ce n’est pas la première fois. Il y a déjà eu deux précédents 4-5, avec des scénarios différents. Le dernier date du 6 juillet 1960, et c’était déjà une demi-finale, celle de la toute nouvelle Coupe d’Europe des Nations. Elle se jouait d’ailleurs sur le format copié en 2018 par l’actuelle Ligue des Nations, avec un carré final dans un des pays qualifiés. La France accueillait l’URSS, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, et tout se passait pour le mieux contre cette dernière au Parc des Princes, puisqu’après l’ouverture du score par Galic, les Bleus étaient revenus à 3-1 en début de deuxième mi-temps, puis 4-2 à la 62e avec un doublé du Rémois François Heutte. Mais au début du dernier quart d’heure, un énorme trou d’air défensif, avec un Georges Lamia, le gardien niçois, en panique totale, envoie l’équipe de France par le fond avec trois buts en trois minutes de Tomislav Knez et de Drazen Djerkovic (doublé). 4-5 donc, et pas de finale européenne.
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Le premier 4-5 remonte au 8 février 1914. A Luxembourg, contre le Grand-Duché, les Français, pourtant vainqueurs 8-0 un an plus tôt, font à peu près n’importe quoi et laissent à Jean Massard le soin d’inscrire un quadruplé, dont deux pénalties. Pour l’anecdote, Charles Geronimi faisait ses débuts ce jour-là, et c’était son anniversaire. Comme Pierre Kalulu contre l’Espagne !
Entre les deux, il y a eu un 4-9 gratiné contre l’Italie à Milan le 18 janvier 1920, pour le deuxième match d’après-guerre (et le premier qui suit la création de la FFF). Avec sept débutants, les Français sont balayés en deux vagues, avec un 0-3 en vingt minutes, et, alors qu’ils étaient revenus à 3-4 à la mi-temps, un quart d’heure de cauchemar au retour des vestiaires avec un score qui saute de 3-5 à 3-8 en quatre minutes.
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Le score : 4-5
Ont vient de le voir, c’est la troisième fois que les Bleus perdent sur cette marque, le 10 mai 1934 à Amsterdam contre les Pays-Bas. Il y avait déjà 4-4 à la mi-temps, après une salve de trois buts néerlandais entre la 4e et la 12e minute, et une réplique française entre la 13e et la 25e. C’est Jean Nicolas qui donnait le but vainqueur aux Bleus à un quart d’heure de la fin.
L’équipe de France a encaissé cinq buts à 18 reprises (et 6 buts ou plus 18 fois également), pour autant de défaites. Mais la dernière remonte à très longtemps, le 12 mars 1969 pour les débuts du nouveaux sélectionneur Georges Boulogne, à Wembley contre les champions du monde anglais (0-5). Il aura fallu attendre 605 matchs pour voir le suivant. Et entre temps, les matchs à quatre buts encaissés ont été rares eux aussi : contre l’Allemagne en 1980 (1-4), la Pologne en 1982 (0-4), les Pays-Bas en 2008 (1-4) et le dernier face à la Belgique en 2015 (3-4). Autant dire que le résultat de Stuttgart est historique.
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L’arbitre : Michael Oliver (Angleterre)
L’arbitre anglais a désormais arbitré les Bleus quatre fois. Les trois précédentes avaient été beaucoup moins riches en buts, avec un nul contre la Hongrie à Budapest à l’Euro 2020 (1-1) un autre nul face au Portugal à Hambourg (0-0) à l’Euro 2024 et le quart de finale retour contre la Croatie en mars 2025 (2-0), terminés tous les deux par une séance de tirs au but victorieuse.
Mais chose étonnante, Michael Oliver n’est que le troisième arbitre à avoir dirigé deux matchs des Bleus consécutivement. Les deux précédents remontent à 1935 : Walter Lewington (Angleterre) en mai et octobre contre la Hongrie (2-0) et la Suisse (1-2) et Luis Andre Baert (Belgique) en février et mars contre l’Italie (1-2) et l’Allemagne (1-3).
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Encore une demi-finale perdue ! (et encore contre l’Espagne)
Il va falloir éviter désormais de jouer la Roja en demi-finale de compétition : autant ça passe en huitième (Coupe du monde 2006), en quart (Euro 2000, mais défaite à l’Euro 2012) et en finale (Euro 1984, Ligue des Nations 2021), autant en demi ça ne marche pas. Déjà battus à ce stade il y a un an à l’Euro, les Bleus ont rechuté, avec à nouveau deux buts encaissés en quelques minutes en début de match (mais aussi deux autres en une minute avant l’heure de jeu). L’équipe de France restait pourtant sur neuf victoires d’affilée en demi-finale entre 1998 et 2022.
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Le kit tout blanc
Les Espagnols l’avaient vu de près lors des précédents matchs matchs contre les Bleus en phase finale depuis 1996, mais la version 2024 à fines rayures bleues et rouges leur plait bien. Cette tenue n’a été portée que quatre fois, pour deux victoires à l’extérieur à l’automne 2024, à Budapest (Israël, 4-1) et Milan (Italie, 3-1). Mais donc deux défaites face à l’Espagne à un an d’intervalle. Inauguré en mai 1976 face à la Hongrie, ce kit tout blanc en mode Real Madrid a été plutôt favorable aux Français, avec 44 victoires en 83 matchs (23 nuls et 16 défaites).

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L’âge et l’expérience
Face à l’Espagne, l’équipe de France présentait un cumul de sélections de 311 (pour les titulaires), en dessous de la moyenne depuis 2012 (402). L’absence de joueurs expérimentés comme Koundé, Upamecano ou Tchouaméni a pesé lourd, surtout dans le secteur défensif. La moyenne d’âge, elle, est proche de celle depuis 2012, avec 26,4 pour les titulaires (contre 27), même si Rabiot était le seul trentenaire (depuis deux mois), alors que Maignan et Lenglet auront 30 ans dans quelques jours. Il n’y avait que quatre titulaires de moins de 25 ans (Doué, Olise, Koné et Kalulu, qui les a eu le jour du match). Le cumul de buts des titulaires était correct (65), mais Mbappé en comptait plus des deux tiers à lui seul.
L’indice de renouvellement : 5/11
Avec une défense privée de trois titulaires (Koundé, Saliba et Upamecano), plus le forfait de Tchouaméni au milieu et le retour de Barcola sur le banc, ce sont cinq titulaires contre la Croatie qui manquaient. Ce qui profitait à Kalulu, Lenglet, Konaté, Rabiot et Doué. Mais sur ces cinq-là, seul le dernier a justifié la confiance du sélectionneur. Les autres vont devoir batailler pour garder leur place dans le groupe, à défaut de débuter les matchs. Pas sûr qu’on revoie Kalulu et Lenglet à la rentrée.
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Les joueurs : Kalulu 943e, Cherki 944e
Deux nouveaux Bleus (sur quatre possibles, avec Chevalier et Badé) ont fait leurs débuts. Pierre Kalulu aura attendu d’avoir 25 ans tout pile pour devenir international A, soit environ l’âge de début de Marcel Desailly et Olivier Giroud, mais s’il est rappelé, il faudra qu’il fasse beaucoup mieux qu’à Stuttgart, où il a pris l’eau avec tout le secteur défensif, qui ne l’a pas aidé. Il est le 943e Bleu depuis 1904.
Ryan Cherki, entré à la 63e à la place de Désiré Doué qui fêtait sa première titularisation pour sa deuxième cape, a beaucoup plus marqué les esprits en inscrivant le deuxième but des Bleus et en donnant une passe décisive à Randal Kolo Muani pour le quatrième. Il est le 944e.
A noter que Désiré Doué et Malo Gusto ont perdu leur statut d’éphémère, puisqu’ils ont joué pour la deuxième fois. Il aura fallu un peu plus de deux mois au premier, une vingtaine au second.
Clas. | Joueur | Sel | Tps jeu | G | N | P | Abs. | Densité | Année | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
16 | Kylian Mbappé | 89 | 75 | 57 | 18 | 14 | 19 | 82% | 6851 | 2017 |
44 | Ousmane Dembélé | 56 | 31 | 32 | 14 | 10 | 58 | 49% | 2811 | 2016 |
50 | Adrien Rabiot | 52 | 44 | 29 | 14 | 9 | 57 | 48% | 3904 | 2016 |
85 | Théo Hernandez | 38 | 36 | 24 | 8 | 6 | 11 | 78% | 3295 | 2021 |
86 | Lucas Hernandez | 38 | 33 | 26 | 8 | 4 | 59 | 39% | 2641 | 2018 |
110 | Mike Maignan | 31 | 30 | 19 | 6 | 6 | 35 | 47% | 2760 | 2020 |
118 | Randal Kolo Muani | 30 | 17 | 17 | 6 | 7 | 8 | 79% | 1585 | 2022 |
158 | Ibrahima Konaté | 23 | 20 | 14 | 4 | 5 | 17 | 58% | 1797 | 2022 |
223 | Clément Lenglet | 16 | 14 | 12 | 2 | 2 | 59 | 21% | 1198 | 2019 |
253 | Bradley Barcola | 14 | 5 | 6 | 4 | 4 | 3 | 82% | 548 | 2024 |
386 | Manu Koné | 7 | 5 | 4 | 0 | 3 | 2 | 78% | 508 | 2024 |
388 | Michael Olise | 7 | 5 | 3 | 1 | 3 | 2 | 78% | 384 | 2024 |
689 | Désiré Doué | 2 | 1 | 1 | 0 | 1 | 0 | 100% | 87 | 2025 |
693 | Malo Gusto | 2 | 0 | 1 | 0 | 1 | 21 | 9% | 37 | 2023 |
905 | Pierre Kalulu | 1 | 1 | 0 | 0 | 1 | 0 | 100% | 63 | 2025 |
927 | Rayan Cherki | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 100% | 27 | 2025 |
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Les buteurs : Cherki centième débutant buteur, quarantième CSC pour Dani Vivian
Si l’un des quatre buts français a été inscrit par Randal Kolo Muani, pour qui ça devient une habitude, les trois autres ont tous une caractéristique particulière : les Bleus ont obtenu leur fameux combo pénalty + CSC, le premier étant transformé par Mbappé (son onzième dans cet exercice, nouveau record) qui se rapproche enfin du total de Henry (49 buts contre 51), le suivant étant l’œuvre du remplaçant espagnol Dani Vivian, sur un centre de Malo Gusto servi par Rayan Cherki. Ce dernier a lui-même inscrit le deuxième but des Bleus pour sa première sélection. Il est le centième international français à le faire, le premier depuis Warren Zaïre-Emery en novembre 2023.
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# | Joueur | Buts | + | Sél | b/m | CF | Pe | 2 | 3+ | tmps jeu | mn/but |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
3 | Kylian Mbappé | 49 | +1 | 89 | 0,55 | 0 | 11 | 7 | 3 | 6851 | 140 |
40 | Randal Kolo Muani | 9 | +1 | 30 | 0,30 | 0 | 1 | 1 | 0 | 1585 | 176 |
59 | Ousmane Dembélé | 7 | 0 | 56 | 0,13 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2811 | 402 |
66 | Adrien Rabiot | 6 | 0 | 52 | 0,12 | 0 | 0 | 1 | 0 | 3904 | 651 |
175 | Bradley Barcola | 2 | 0 | 14 | 0,14 | 0 | 0 | 0 | 0 | 548 | 274 |
205 | Théo Hernandez | 2 | 0 | 38 | 0,05 | 0 | 0 | 0 | 0 | 3295 | 1 648 |
214 | Rayan Cherki | 1 | +1 | 1 | 1,00 | 0 | 0 | 0 | 0 | 27 | 27 |
285 | Michael Olise | 1 | 0 | 7 | 0,14 | 1 | 0 | 0 | 0 | 384 | 384 |
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La feuille de match
Les données à retenir sous forme de tableau. Les feuilles de match récentes sont accessibles également depuis le tableau des matchs, en cliquant sur le numéro du match (première colonne).
[924] Espagne 5-4 France
Ligue des Nations 2025
5 juin 2025, 21h - Stuttgart, Stuttgart Arena, 51.724 spectateurs
arbitre : Michael Oliver (Angleterre)
sélectionneur : Didier Deschamps - 168e match, 55 ans
disposition : 4-2-3-1
score | min | buteur | passeur ou CPA |
---|---|---|---|
0-1 | 22’ | Nico Williams | |
0-2 | 25’ | Mikel Merino | |
0-3 | 54’ | Lamine Yamal | pénalty (faute d’Adrien Rabiot) |
0-4 | 55’ | Pedri | |
1-4 | 59’ | Kylian Mbappé | pénalty |
1-5 | 67’ | Lamine Yamal | |
2-5 | 79’ | Rayan Cherki | Kylian Mbappé |
3-5 | 84’ | Dani Vivian | CSC (centre de Malo Gusto) |
4-5 | 90’+3 | Randal Kolo Muani | Rayan Cherki |
N° | joueur | tps jeu | e/s | cas | nb sel | âge | club |
---|---|---|---|---|---|---|---|
16 | Mike Maignan | 90 | 31 | 29 | AC Milan | ||
19 | Pierre Kalulu | 63 | 1 | 25 | Juventus | ||
17 | Malo Gusto | 27 | 2 | 22 | Chelsea | ||
15 | Ibrahima Konaté | 90 | 23 | 26 | FC Liverpool | ||
5 | Clément Lenglet | 72 | 16 | 29 | Atlético Madrid | ||
21 | Lucas Hernandez | 18 | 38 | 29 | Paris SG | ||
22 | Théo Hernandez | 90 | 38 | 27 | AC Milan | ||
13 | Manu Koné | 90 | 7 | 25 | AS Roma | ||
14 | Adrien Rabiot | 90 | 52 | 30 | OM | ||
11 | Michael Olise | 63 | 7 | 23 | Bayern Munich | ||
25 | Rayan Cherki | 27 | 1 | 21 | Lyon | ||
7 | Ousmane Dembélé | 76 | 56 | 28 | Paris SG | ||
12 | Randal Kolo Muani | 14 | 30 | 26 | Juventus | ||
10 | Kylian Mbappé | 90 | 89 | 26 | Real Madrid | ||
24 | Désiré Doué | 63 | 2 | 20 | Paris SG | ||
20 | Bradley Barcola | 27 | 14 | 22 | Paris SG |
N° | joueur | nb sel | âge | club |
---|---|---|---|---|
1 | Brice Samba | 3 | 31 | Rennes |
23 | Lucas Chevalier | 0 | 23 | Lille |
4 | Loïc Badé | 0 | 25 | FC Séville |
3 | Lucas Digne | 51 | 31 | Aston Villa |
2 | Benjamin Pavard | 55 | 29 | Inter Milan |
18 | Warren Zaïre Emery | 7 | 19 | Paris SG |
6 | Matteo Guendouzi | 13 | 26 | Lazio Rome |
9 | Marcus Thuram | 29 | 27 | Inter Milan |
