Le nom de Vincent Estève nous ramène à la fin des années 1960 quand le FC Nantes, à l’issue d’une saison où il avait perdu son titre au profit de l’ASSE, avait recruté cet arrière latéral de vingt-deux ans, natif de Meknès, au Maroc le 21 juillet 1945 et ayant fait ses débuts à l’AS Cannes.

Latéral offensif
Avant son arrivée à Nantes en 1967, Vincent Estève n’avait connu qu’une seule saison parmi l’élite. Le club cannois avait décroché son accession en 1965 après seize ans de purgatoire. Mais son passage fut des plus brefs, terminant à l’avant-dernière place du classement, avec 23 défaites et 86 buts encaissés. Il avait même terminé la saison en encaissant un sévère 6-1 face aux Nantais champions de France.
Vincent Estève dispute une saison supplémentaire avec l’AS Cannes avant d’être appelé par le FC Nantes lors de l’été 1967. José Arribas a besoin de renouveler sa défense vieillissante et fait appel au jeune Cannois dont il apprécie le tempérament offensif. Celui-ci gagne les galons de titulaire et devient rapidement l’un des chouchous du stade Marcel-Saupin. Ses performances sont telles qu’elles attirent l’attention de Louis Dugauguez, le sélectionneur national.
Un périlleux déplacement attend en effet l’équipe de France en quart de finale de la Coupe d’Europe des Nations. La Yougoslavie a obtenu le match nul 1-1 à l’aller et promet l’enfer aux Tricolores pour le match retour à Belgrade le 24 avril 1968. Le sélectionneur français demande à son capitaine et habituel arrière droit Jean Djorkaeff de prendre Ivica Osim en individuelle, et fait appel, pour le remplacer, au jeune Nantais.
Un cauchemar nommé Džajić
La rencontre tourne au cauchemar. Vincent Estève fait la connaissance de Dragan Džajić, l’ailier de l’Étoile Rouge de Belgrade qui lui en fait voir de toutes les couleurs. Après un quart d’heure de jeu, le futur ailier de Bastia inscrit le troisième but des Yougoslaves. Après une demi-heure, alors que Fleury Di Nallo a réduit l’écart, Estève est victime d’une entorse mais doit rester sur le terrain, car il n’y a pas de remplacements à l’époque. Le Nantais se positionne au milieu de terrain alors que le capitaine Djorkaeff reprend sa place de latéral, ce qui a le don de rééquilibrer la défense française. Les Tricolores s’inclinent toutefois 5-1.
Vincent Estève n’est pas épargné par les critiques qui s’abattent sur l’équipe de France. Le 549e joueur de l’histoire de l’équipe de France sera le seul des onze de Belgrade à n’être jamais rappelé. Il défend les couleurs du FC Nantes pendant trois saisons, jusqu’en 1970. Son dernier match en jaune, c’est la finale de la Coupe de France où les Canaris sont corrigés (5-0) par l’AS Saint-Etienne. Vincent Estève poursuivra sa carrière au SC Toulon. L’ancien latéral nantais s’est ensuite éloigné du monde du football.
Une sélection
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | TpsJeu |
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1 | qEuro 1968 | 24/04/1968 | Belgrade | Yougoslavie | 1-5 | 90 |