C’est à la suite du forfait du Stéphanois Roland Mitoraj pour la rencontre RFA-France du 27 septembre 1967, que Louis Dugauguez fait appel à Claude Quittet. Le Sochalien est âgé de vingt-six ans et bénéficie de la très bonne saison 1966/1967 qui a vu le club des usines Peugeot atteindre la finale de la Coupe de France, remportée par l’Olympique Lyonnais.
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Au marquage de Muller et Claessen
La capitaine doubiste, né le 12 mars 1941 à Mathey (Doubs), n’avait alors connu du maillot bleu que celui de l’équipe de France B, à deux occasions : un match à Nantes en 1964 contre une sélection d’étrangers du championnat de France, où il était entré en jeu à la pause (2-2) puis un amical à Lille, en 1966, contre l’équipe B de Belgique, où il était titulaire.
Au stade olympique de Berlin, Claude Quittet devient, en même temps que Gilbert Gress, le 544e joueur de l’histoire de l’équipe de France. En défense centrale, il se retrouve associé à son ancien coéquipier Bernard Bosquier qui évolue désormais à Saint-Etienne. Le capitaine des Bleus sera d’ailleurs le buteur français de cette après-midi loin d’être un bon souvenir. Les hommes de Louis Dugauguez s’inclinent en effet 5-1 face aux vice-champions du monde. Il faut dire qu’ils ont disputé la deuxième mi-temps à dix, le malheureux Péri ayant été exclu après une virile explication avec Franz Beckenbauer.

Malgré l’ampleur du score, la défense est entièrement reconduite un mois plus tard à Nantes où l’équipe de France reçoit la Belgique dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Europe des nations. Après quatre rencontres, la France compte déjà trois victoires et un match nul contre les Belges suffit pour assurer la qualification, étant entendu que le dernier match est disputé contre le Luxembourg et qu’il sera selon toute vraisemblance remporté. Claude Quittet est au marquage de Roger Claessen et celui-ci ouvre le score peu avant la pause, non sans avoir tiré le maillot du Français, ce que l’arbitre ne sanctionne pas. Le défenseur sochalien prend une belle revanche en fin de rencontre en adressant, d’un centre précis, la balle de l’égalisation (et donc de la qualification) à Robert Herbin. La dernière rencontre qualificative contre le Luxembourg est une formalité que remplit Charly Loubet, auteur d’un triplé (3-1).
Boulogne fait le ménage…
Les quarts de finale, par match aller-retour, opposent en avril les Tricolores à une impressionnante sélection yougoslave. A Marseille, l’attaquant Vahidin Musemić s’impose face à Quittet et ouvre le score de la tête après l’heure de jeu. Di Nallo égalise dans le dernier quart d’heure, mais le résultat (1-1) ne met pas les Tricolores en position favorable. A Belgrade, lors du match retour, les Yougoslaves mènent 4-0 au bout d’une demi-heure et l’emportent finalement 5-1.

Le début de la saison 1968/1969 débute par une rencontre face au Bayern Munich à Saint-Etienne, où Quittet retrouve le remuant Gerd Müller. Celui-ci ouvre le score, mais les Français égalisent par Szczepaniak. La rencontre est suivie, un mois plus tard, par un match amical contre la RFA à Marseille, nouveau fief des Tricolores durant les travaux du Parc des Princes. Le sélectionneur laisse Claude Quittet sur le banc, lui préférant le Stéphanois Roland Mitoraj. Il confirme ce choix lors du match suivant à Lyon face à l’Espagne, mais la défaite (1-3) incite le sélectionneur à revoir ses plans.
Il fait donc de nouveau appel à Claude Quittet pour le premier match des éliminatoires de la Coupe du monde 1970, qui oppose les Tricolores à la modeste formation de Norvège. Le Sochalien est de nouveau associé à Bernard Bosquier pour un match qui s’annonce offensif. Or, face au mur dressé devant le gardien Svein Bjørn Olsen, les Français ne parviennent pas à marquer. Pire encore, ils encaissent après l’heure de jeu un but surprise de l’attaquant Odd Iversen. Stupeur à la Meinau, la France perd ce match, pourtant largement à sa portée. Louis Dugauguez donne sa démission et son successeur Georges Boulogne procède au grand ménage. Plusieurs joueurs sont écartés dès le match suivant : André Guy, Robert Szczepaniak, André Betta, Bernard Blanchet, Gilbert Gress, et Claude Quittet.
Retour en bleu trois ans après
Après plus de onze ans au sein du FC Sochaux, le défenseur de vingt-huit ans quitte son cocon pour l’OGC Nice… qui vient d’être relégué en deuxième division. Le Franc-Comtois participe à la remontée du club azuréen puis à l’opération maintien la saison suivante. Pendant trois ans, il n’est plus rappelé en équipe de France, si ce n’est une rencontre en août 1969 contre Schalke 04 avec l’équipe de France espoirs. Capitaine de cette équipe inédite, il en est également le buteur puisqu’il fait la décision dans les derniers instants du match d’une superbe reprise de volée.
Pendant ce temps, l’équipe de Georges Boulogne, qui a manqué la qualification pour la Coupe du monde mexicaine, prend part aux éliminatoires du championnat d’Europe des nations 1972. Le nouveau sélectionneur s’appuie pendant deux ans sur une nouvelle charnière centrale qui associe Bernard Bosquier au Marseillais Jacky Novi. Une défaite à Colombes contre la Hongrie en octobre 1971 oblige les Français à remporter les deux derniers matchs. Tous deux sont disputés contre la Bulgarie qui se trouve dans la même situation.
Pour le premier match à Nantes en novembre 1971, le sélectionneur doit faire face à une cascade de forfaits, dont celui de Bernard Bosquier. Georges Boulogne fait appel à Claude Quittet, dont la carrière est relancée par les performances de Nice en championnat, et l’associe à Jacky Novi. Bousculés par les Bulgares, les Français concèdent un penalty transformé par Hristo Bonev en début de seconde période. Mais les Français font preuve de caractère et se révoltent. Après l’heure de jeu, Claude Quittet tente une reprise de la tête qui est repoussée par le gardien bulgare. Georges Lech a bien suivi et marque. En toute fin de rencontre, Charly Loubet donne la victoire aux Tricolores en reprenant lui aussi un ballon repoussé par le gardien Yordan Filipov.
Une vraie-fausse Coupe du monde au Brésil
Claude Quittet ne participe pas au match retour à Sofia qui voit les Tricolores s’incliner et laisser le champ libre à la Hongrie. Mais il réapparaît en avril 1972 à l’occasion d’un match amical à Bucarest, perdu 2-0 contre les Roumains. La fin de saison propose une étonnante expérience pour les hommes de Georges Boulogne, la participation à la Coupe de l’Indépendance organisée au Brésil, une sorte de Coupe du monde non officielle à laquelle sont invitées pas moins de vingt équipes.
Le capitaine Bernard Bosquier a fait valoir son droit aux vacances au terme d’une saison chargée (doublé de l’OM). Pour la première rencontres à Salvador de Bahia, Claude Quittet est associé à un gamin prometteur provenant d’Ajaccio et qui compte déjà deux sélections, Marius Trésor. Le duo est aligné pour les trois premières rencontres, mais Claude Quittet accuse la fatigue contre la Colombie et est écarté du quatrième match contre l’Argentine au bénéfice d’un autre gamin plein de promesses, Jean-Pierre Adams.
Capitaine maudit
La carrière internationale de Claude Quittet ne prend pas fin pour autant. Bien au contraire, il est appelé pour la campagne de qualification pour la Coupe du monde 1974. Après les départs de Bernard Bosquier puis de Jean Djorkaeff, le Franc-Comtois devient le plus âgé de l’effectif bleu et hérite du brassard de capitaine. La campagne éliminatoire débute dans un Parc des Princes flambant neuf contre l’URSS et une magnifique victoire (1-0) obtenue sur un coup franc de Georges Bereta. Claude Quittet est associé à Marius Trésor en défense centrale, un duo qui constitue avec le demi défensif Jean-Pierre Adams un triangle magique qui verrouille toutes les velléités adverses.
Une victoire à Dublin est alors nécessaire pour envisager la qualification à la Coupe du monde 1974. Mais comme souvent durant cette période, l’équipe de France ne parvient pas à maintenir son niveau de performance. La formation de Georges Boulogne s’incline (2-1) dans l’enfer de Dalymount Park ce qui oblige les Tricolores à obtenir deux victoires en mai 1973, dans une semaine décisive où elle rencontre ses deux adversaires. Au Parc des Princes, l’équipe de Georges Boulogne est accrochée par les Irlandais (1-1). Une semaine plus tard à Moscou, l’absence de Jean-Pierre Adams oblige le sélectionneur à modifier son système défensif. Il place Claude Quittet demi défensif et le remplace, aux côtés de Trésor, par le néophyte Bernard Gardon. L’équipe d’URSS confirme implacablement son statut de favori et s’impose (2-0). Claude Quittet écope quant à lui d’un carton jaune, le premier de sa carrière.
Georges Boulogne cède sa place à Ștefan Kovács qui met en place sa fameuse garde noire (Trésor et Adams) au centre de la défense tricolore et fait savoir à Claude Quittet qu’il ne comptera plus sur lui. A trente-deux ans, l’international aux seize sélections rejoint l’AS Monaco, qui vient de remonter en première division. Le brassard au bras, il aide l’équipe de la Principauté à se maintenir et à réaliser un beau parcours jusqu’en finale de Coupe de France, perdue contre Saint-Etienne. Au terme de son unique saison monégasque, Claude Quittet revient au pays pour renforcer le RCFC Besançon, en deuxième division.
Seize sélections, quatre fois capitaine
Claude Quittet compte seize sélections en équipe de France, auxquelles il faut ajouter deux rencontres non officielles contre des clubs, deux matchs en équipe de France B et une avec la sélection Espoirs. Le site de la FFF lui compte 1394 minutes en bleu. Il a connu deux sélectionneurs (Louis Dugauguez et Georges Boulogne) et a porté quatre fois le brassard de capitaine. Il n’a inscrit aucun but.
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | TpsJeu | Notes |
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B | Amical | 27/12/1964 | Nantes | Étrangers de France | 2-2 | > 45 | |
B | Amical | 11/11/1966 | Lille | Belgique B | 0-1 | 90 | |
1 | Amical | 27/09/1967 | Berlin | Allemagne | 1-5 | 90 | |
2 | qEuro 1968 | 28/10/1967 | Nantes | Belgique | 1-1 | 90 | |
3 | qEuro 1968 | 23/12/1967 | Paris (Parc) | Luxembourg | 3-1 | 90 | |
N/O | 13/03/1968 | Nice | FC Torino | 1-1 | 90 | ||
4 | qEuro 1968 | 06/04/1968 | Marseille | Yougoslavie | 1-1 | 90 | |
5 | qEuro 1968 | 24/04/1968 | Belgrade | Yougoslavie | 1-5 | 90 | |
N/O | 27/08/1968 | Saint-Étienne | FC Bayern Munich | 1-1 | 90 | ||
6 | qCM 1970 | 06/11/1968 | Strasbourg | Norvège | 0-1 | 90 | |
Esp. | N/O | 24/08/1969 | Quimper | FC Schalke 04 | 1-0 | 90 | (cap) 1 but |
7 | qEuro 1972 | 10/11/1971 | Nantes | Bulgarie | 2-1 | 90 | |
8 | Amical | 08/04/1972 | Bucarest | Roumanie | 0-2 | > 45 | |
9 | Mini-Copa | 11/06/1972 | Salvador de Bahia | CONCACAF | 5-0 | 90 | |
10 | Mini-Copa | 15/06/1972 | Maceio | Afrique | 2-0 | 90 | |
11 | Mini-Copa | 18/06/1972 | Salvador de Bahia | Colombie | 3-2 | 90 | |
12 | Amical | 02/09/1972 | Athènes | Grèce | 3-1 | 90 | |
13 | qCM 1974 | 13/10/1972 | Paris (Parc) | URSS | 1-0 | 90 | (cap) |
14 | qCM 1974 | 15/11/1972 | Dublin | Rep. d’Irlande | 1-2 | 90 | (cap) |
15 | qCM 1974 | 19/05/1973 | Paris (Parc) | Rep. d’Irlande | 1-1 | 90 | (cap) |
16 | qCM 1974 | 26/05/1973 | Moscou | URSS | 0-2 | 90 | (cap) |