Hugo Lloris, le septième centenaire

Publié le 25 juin 2018 - Bruno Colombari - 2

Après Deschamps en 2000, Desailly en 2002, Thuram en 2004, Zidane et Vieira en 2006 et Henry en 2008, Hugo Lloris est devenu contre l’Australie le septième Bleu à atteindre les cent sélections. Test comparatif.

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Il aura donc fallu attendre dix ans pour qu’un septième centenaire (en sélections, évidemment) s’ajoute aux six premiers, lesquels avaient franchi la barre symbolique en seulement huit saisons entre l’Euro 2000 (Deschamps) et la préparation de celui de 2008 (Henry). Regardons maintenant en détail comment se place l’actuel capitaine des Bleus par rapport à ses prédécesseurs.

Afin que la comparaison soit pertinente, j’ai arrêté les statistiques au jour de la centième sélection pour tout le monde, y compris pour le palmarès. A ce jeu-là, Lloris ne sort pas gagnant, c’est peu de le dire. Le gardien de Tottenham (et seul portier des sept) n’a pas besoin de beaucoup de place pour ranger ses trophées. Un guéridon suffit, là où les autres ont intérêt à avoir des cheminées surdimensionnées.

Hugo et les collectionneurs

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La lutte est sévère entre l’actuel sélectionneur et le probable prochain : Didier Deschamps totalise 12 trophées majeurs (on ne compte pas les babioles d’avant saison type supercoupes), dont cinq titres de champion national et deux Ligues des champions. Et encore, il lui manque à quatre jours près le titre de champion d’Europe, qu’il gagnera lors de sa 101e sélection, le 1er juillet 2000.

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Zinédine Zidane n’est pas mal non plus, puisque outre les deux trophées glanés en Bleu, il compte notamment trois titres nationaux (deux en Italie avec la Juve et un en Espagne avec le Real), une Ligue des champions et un Ballon d’or.

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Mais c’est Patrick Vieira qui arrive en second, avec la collection complète Coupe du monde/Euro/Coupe des Confédérations, quatre titres de champion national (un avec l’AC Milan, trois avec Arsenal) et trois Cups. Il serait même le premier si on ajoutait ses titres acquis après novembre 2006 : quatre championnats d’Italie avec l’Inter (de 2007 à 2010) et une Cup avec Manchester City en 2011. Il ne lui aura manqué qu’une Ligue des Champions pour avoir le plus beau palmarès du foot français.

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Thierry Henry n’est pas mal non plus dans le genre : même si lui aussi perd le bénéfice de sa prolifique année 2009 avec le Barça (quatre titres majeurs) puisqu’il a atteint les cent sélections en juin 2008, il a accumulé neuf trophées dont cinq en Angleterre.

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Marcel Desailly compte lui deux Ligues des Champions (avec l’OM et l’AC Milan) en plus des trois titres avec les Bleus (quatre si on ajoute la Coupe des Confédérations 2003, obtenue après sa centième sélection), une coupe intercontinentale et deux championnats d’Italie.

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Lilian Thuram fait presque pitié à côté de monstres pareils avec sa Coupe du monde, son Euro, ses deux championnats d’Italie et sa coupe de l’UEFA. Même si nombreux sont ceux qui aimeraient avoir ce palmarès.

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Bilan comparé : temps de jeu, durée, âge, matchs manqués

Comme le palmarès, le bilan n’est pas favorable à l’actuel capitaine des Bleus. Avec 56 victoires en 100 matchs, il est nettement en dessous des temps de passage des six autres qui en comptent entre 64 et 68, soit une bonne dizaine de plus. Et si les nuls sont remarquablement constants (entre 22 et 26), Lloris est logiquement le moins bon côté défaites, avec 20 matchs perdus. Ce n’est certes qu’un sur cinq, mais c’est beaucoup plus que le trio Zidane-Henry-Thuram (8 et 9 chacun). Desailly, Deschamps et Vieira sont à peine au-dessus de la dizaine.

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A sa centième sélection, Hugo Lloris n’est pas le plus jeune des sept. Patrick Vieira et Thierry Henry n’avaient pas encore 31 ans. Les quatre autres étaient plus âgés que lui, de peu pour Deschamps (3 mois de plus), nettement pour Thuram (un an) et surtout Desailly et Zidane (deux ans et demi).

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Le délai de Lloris pour atteindre cent sélections est la plutôt rapide : avec 9 ans et 7 mois depuis ses débuts, il n’est devancé que par Marcel Desailly, qui avait pourtant commencé très tard (à 25 ans, en 1993). Les plus tardifs, Deschamps et Zidane (plus de 11 ans) le sont pour des raisons différentes : le premier a débuté à une période où le nombre de matchs en année impaire était faible (une demi-douzaine) et il a manqué les phases finales 1990 et 1994. Le second a perdu une saison complète (celle de 2004-2005).

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En nombre de matchs manqués entre la première et la centième sélection, ce qui permet de mesurer la densité de la carrière, Lloris fait moins bien que Deschamps (17) et surtout Desailly (9 !), mais mieux que les 4 autres. 25 matchs manqués pour 100 joués, c’est un bon total, d’autant qu’il n’a pas été titulaire dès sa première sélection.

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Enfin, voici une stat où Lloris fait mieux que les autres : le temps de jeu à la centième sélection. Avec 8979 minutes (soit 89 minutes par match en moyenne), il pulvérise la concurrence, mais ce n’est pas difficile : c’est le seul gardien du lot, et sans son expulsion à la 9e minute le 9/9/2009 (un signe, sûrement) en Serbie, il arriverait à 9060, soit la durée complète de tous ses matchs, deux prolongations (Irlande 2009 et Portugal 2016) comprises.

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Le bilan de Lloris en pastilles : 45 clean sheets, 78 buts encaissés

Seul gardien parmi les sept centenaires français, Hugo Lloris bénéficie d’une infographie nouveau genre : les pastilles ci-dessous représente tous les matchs des Bleus depuis ses débuts en novembre 2008, y compris ceux qu’il n’a pas joués. Les matchs où il n’a pas encaissé de but (clean sheet) sont représentés par une pastille blanche cerclée de couleur (bleu pour une victoire, gris pour un nul, rouge pour une défaite).

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Lloris grille 2008-2011
Lloris grille 2012-2015
Lloris grille 2016-2018

En conclusion, si les stats de Hugo Lloris sont beaucoup moins spectaculaires que celles des six premiers centenaires, il convient de rappeler que ceux-ci ont joué pendant la période la plus faste du foot français.

Ceci étant, la carrière de Lloris est loin d’être terminée. Il n’aura que 32 ans à la fin 2018, ce qui lui laisse, si tout va bien, encore au moins deux ou trois ans au plus haut niveau. A lui d’étoffer son palmarès : la Coupe du monde 2018, la Ligue des Nations 2019 et l’Euro 2020 pourraient lui en donner l’occasion.

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